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Berg-Op-Zoom

« Il est vraisemblable, écrivait Maurice Thuriet¹, que, dès avant 1870, existait à Besançon une société d’échecs, dont le président n’était autre que l’artiste-peintre Charles-Jules-Nestor Bavoux, l’un des fondateurs de l’école des Beaux-Arts de Besançon avec Becquet et Giacomoto qui se réunissaient au Berg-Op-Zum, un café disparu du Faubourg Rivotte² », sans doute après la Guerre de 40. Cette carte affranchie d’un timbre à l’effigie de Pétain en témoigne.

Le Berg-op-Zoom au premier plan – Mémoire vive

Lieu historique que cet estaminet faubourien qui abrita le tout premier club d’échecs bisontin, sans doute pour peu de temps. Ces braves notables qui composaient ce cercle (entre autres le marquis Sylvestre de Jouffroy d’Abbans, membre de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Besançon), l’abandonnèrent pour la plus bourgeoise Brasserie Granvelle du centre-ville.

À droite, l’enseigne de cette gargote faubourienne du vieux Besançon. Avec l’aimable autorisation de cpa-besancon.fr

Les puristes me diront : « Cette société des échecs bisontins, ce n’est pas notre Tpg, née le 6 mars 1929 à la Brasserie Granvelle ! » Sans doute, mais elle en est la sœur ainée, car notre valeureux Président fondateur, l’infatigable Robert Picard, la reconstitua de ses cendres avec l’aide d’anciens membres des origines : Zani, Poincenot, le Commandant Guilleminot et quelques autres. Peu de club peuvent s’enorgueillir d’une tradition vieille de 150 ans !

Un petit tour sur Street View vous révèlera l’aspect d’aujourd’hui malheureusement moins pittoresque de ce 60 Faubourg Rivotte !

¹ Une société bisontine centenaire.
² Sans doute dans l’entre-deux-guerres. Natif de ce vieux quartier bisontin, j’ai encore à l’oreille ces trois syllabes exotiques, évoquées par mon vieux père et restée dans ma mémoire de gamin, de ce café célébrant le siège de Berg-op-Zoom.

La tour chez le bouqiniste

Ces 80 « Tour, Prends Garde » ont plus pour nous (et la Ligue) une valeur historique (et affective) qu’échiquéene.

Une retombée un peu étonnante, mais intéressante du petit article sur le bulletin La Tour, Prends Garde, le coup de téléphone d’un bouquiniste bordelais qui, suite au décès d’un joueur passionné, a récupéré récemment toute une palette de vieux bouquins. Parmi eux, ce carton de notre ancien bulletin ! Environ 80 et en très bon état. Malheureusement, pas de l’année de création 1946 (et non pas 1949, comme je le pensais). Récupérer ces moments de notre histoire aura un coût et nous allons étudier cette possibilité.

Picard et la Tour, Prends Garde

« La Tour, Prends garde, le plus vieux cercle bisontin fut créé en 1928, pouvait-on lire dans L’Est Républicain du 6 décembre 1961, par Robert Picard, commerçant bien connu de la rue Moncey. C’est lui qui introduisit dans notre ville le jeu d’échecs et anima avec une belle ardeur, des années durant, la seule équipe bisontine qui exista alors ; il fonda ensuite Le Cavalier Noir à l’École d’horlogerie et Le pion gênant au Lycée Victor Hugo. La Tour, cependant, poursuivait le journaliste, fut toujours composée de personnalités bisontines assez en vue qui aimaient se retrouver tranquillement autour d’une table à la Brasserie Granvelle, aux jours et heures fixes dans une  atmosphère de bonne camaraderie. »

Septembre 1959 – Échecs au café Granvelle, photographies de Bernard Faille, Est Républicain.

Voilà une image quelque peu bourgeoise et pantouflarde de notre Tpg des années soixante ! Ce qu’elle n’est plus aujourd’hui, fort heureusement. Du beau monde, sans aucun doute : le personnage à lunette à droite de la joueuse (à noter que cela ne devait pas être si fréquent à l’époque) doit-être Maurice Thuriet, conseiller à la cour d’Appel, historien à ses heures et qui succéda à Picard à la présidence de notre club. Quelques erreurs, 1929 est la date de création de notre club et, surtout, il fut précédé par une sœur aînée de plus de soixante ans, la Société dés Échecs bisontins qui vit le jour en 1868, fondée par le peintre franc-comtois Charles Jules Nestor Bavoux, fondateur également de l’École des Beaux-Arts. En 1959, Picard était encore président et peut-être figure-t-il sur l’une de ces photos ? En tout cas, de l’ardeur, il n’en manquait pas, à l’initiative de la création de la plupart des clubs régionaux et de la revue, en 1949, qui donna son nom à notre club : La Tour Prends Garde. Il nous en reste quatorze dans nos archives, malheureusement uniquemlent en version numérique* (un clic pour le fichier pdf) :

Tpgistes ou visiteurs qui passez par là, si vous avez les numéros manquants, ou les originaux, n’hésitez pas à nous les confier.

* Vous les retrouverez dans l’onglet Tépégiades/Bulletins.

La « Tour Prends Garde »

« La Tour Prends Garde, bulletin de la Ligue de Bourgogne et Franche-Comté vient de paraître, annonce La Bourgogne républicaine du 5 février 1949 sur Retronews. R. Picard, fondateur, directeur-président de la Ligue, vice-présidente de la Fédération Française des Échecs, 12 rue Morand, Besançon (C.C.P. Picard Échecs B.F.C 428.88 Dijon), in-8, 24 pages ; abonnement : 200 fr. Paraît tous les 15 du mois.
Petit fascicule vert espérance, très soigneusement ronéotypé, rendant compte de l’activité de la Ligue de Bourgogne et de Franche-Comté, tout empreint de l’esprit dynamique de son actif et entreprenant protagoniste qui, en quelques années, a fait de sa ligue l’une des plus fleurissantes et actives de France.
Bonne propagande, excellente liaison Inter-cercles, très bon travail de propagande en faveur des Échecs français. Une belle Initiative doit être encouragée et soutenue. »

Nous avons bien souvent évoqué dans ces pages, la provenance du nom de notre club « La Tour Prends Garde ». Maurice Thuriet, président dans les années soixante, évoquent la naissance de la Tpg à la brasserie Granvelle sous l’impulsion de Picard : « C’est la qu’à son arrivée à Besançon en 1927, M. Picard, qui avait été initié aux échecs à l’âge de 13 ans par une jeune fille anglaise, alors qu’il faisait un séjour pour apprendre la langue de Shakespeare retrouva MM. Zani, Poincenot, le Commandant Guilleminot et quelques autres. Après avoir reconstitué légalement le Cercle d’échecs de Besançon, M. Picard fonda celui de Dijon, puis de Montbéliard, Pontarlier, Baume-les-Dames et d’autres encore ; il aida le Cercle des usines Peugeot à ses débuts et donna des cours dans les établissements scolaires ou des cercles très importants naquirent — le lycée d’Horlogerie dépasse même une année les 100 joueurs — il édita sous le titre « La Tour Prends Garde » un bulletin de liaison pour lequel il eut des abonnés jusqu’en Australie. C’est du fait de ce bulletin que le Cercle d’échecs de Besançon est couramment dénommé la « Tour Prends Garde ».

Un diagramme fait sans doute à la main par R. Picard

Il nous en reste quelques exemplaires, heureusement numérisés par Pascal Pichelin, notre webmaster de la première heure, et ainsi sauvés de nos déménagements. Voici le plus ancien en notre possession, celui de juillet 1954. Le bulletin était vendu 25 frs de l’époque soit 0,50 €.

Un clic pour le pdf

Gaillard énergique que ce Picard, fondateur-président de la Ligue de Bourgogne Franche-Comté, vice-président de la FFE et qui fut notre président pendant 32 ans, record inégalé à ce jour. Il semblerait donc, au vu de la date de cet article, que cette revue fut fondée en 1949. La même année, Picard, organisait, du 2 au 11 septembre, le 24e Championnat de France à la Brasserie Granvelle.

Local

Dans un article, paru dans Franche-Comté et Monts-Jura¹ du 15 Juillet 1934, Adrien Nicklès, pharmacien à Besançon (1853-1936), conte ses souvenirs du Cercle des Échecs fondé en 1868, sans doute autre nom de la Société des Échecs de Besançon, relatant la vie et la mort de cette association. Ce cercle « fut fondé en 1868 par un petit groupe d’amateurs dont faisaient partie le conseiller Clère, le marquis Sylvestre de Jourfroy, Phil. Faucompré, Cretin, les peintres de Lispré et Honoré Chapuis. Ils se réunissaient dans une petite salle du Café Granvelle. « Tous les amateurs du jeu d’échecs peuvent, du reste, se présenter tous les jours, pouvait-on lire dans Le Petit Comtois du 18 février 1895, de cinq heures à sept heures et après dîner, dans la petite salle des réunions à côté du café Granvelle ; ils trouveront toujours des partenaires qui se feront un plaisir de les instruire ou de répondre à leur gracieuse provocation. » Sans doute la Salle Républicaine, où, un siècle plus tard, quasiment jour pour jour, notre Tpg s’installa pour quelques années avant de rejoindre le Snooker Club.

Honoré Chapuis (1798 -1896), le peintre cité plus haut – Un coin de Granvelle, 1891.
Ce coin, opposé à la Brasserie Granvelle, n’est autre que le Pavillon du Helder,
détruit en 1925, où se réunissaient les joueurs bisontins de la Belle Époque.
Crédit image : avec l’aimable autorisation de Burston & Hewett.

« Le nombre, toujours grossissant de nos sociétaires nous obligea à déménager, poursuit notre pharmacien, au Pavillon du Helder », après la Grande Guerre, précise notre Président des sixties, Maurice Thuriet² , un café qui se trouvait à l’angle de la rue Mégevand et de la Préfecture, sans doute l’ancien corps de garde  décrit par Gaston Coindre . « Dans l’axe de l’allée principal, Bertrand éleva, en 1879, le petit temple grec que Valet, limonadier, intitulait Salon des rafraîchissements », évoque Gaston Coindre dans Mon vieux Besançon, dont il ne reste plus que le portique à colonnes ioniques encore visible.

Gaston Coindre – Pavillon de rafraîchissement de Valet, Mémoire Vive

La carte postale ci-dessous, de la fin du XIXe siècle, nous offre le cadre plus réaliste du lieu où se rencontraient les pousseurs de bois de la Belle Époque et, qui sait, peut-être quelques uns sont-ils là, parmi ces braves bourgeois bisontins, posant crânement sous l’œil du photographe.

Café Cassard, vers 1880-1900 – Mémoire vive

« Mais survint la guerre, et avec elle la fatale et graduelle débandade, conclut tristement notre apothicaire échéphile. Le chiffre réduit des camarades nous ramena à notre primitif Granvelle. C’est là qu’était né, c’est là que s’éteignit, il y a quelques années, notre regretté Cercle des Échecs. » Voici une dernière vue de ce petit pavillon vers 1900. Il abritait alors le Cercle de l’A,  l’Association générale des Étudiants de Besançon.

Ce portique à colonnes ioniques supportait un fronton et marquait l’entrée d’un établissement où d’élégantes bisontines venaient se désaltérer. En 1925, la Commission des promenades municipale, souhaitant agrandir la Promenade Granvelle, ordonna la démolition de ce bâtiment menaçant ruine et que l’on appelait alors « le café Helder » ou « le temple grec ». On conservera les quatre colonnes de pierre de son portique afin qu’il serve d’armature à une décoration florale.

¹ L’ancien club des échecs de Besançon.
² Une société bisontine centenaire.

La Marche de Philibert

Poursuivant le farfouillage de nos archives, je découvre ce 45 tours. Le temps de descendre du grenier mon vieux pick-up poussiéreux et vous offrir cette perle rare. Et pour faire bonne mesure, notre président d’alors en avait acheté deux¹.

« 1974 sera l’année du jeu d’échecs, écrit Raoul Bertolo, président de la FFE et de la Tour, Prends Garde. La célébration du Cinquantenaire et le Congrès mondial de la F.ID.E., le déroulement des XXIe Jeux Olympiques, la présence de 80 nations concourront à faire de la rencontre de Nice la plus grande manifestation échiquéenne jamais vue. La Marche de Philibert, spécialement composé en l’honneur du jeu d’échecs par Jack Dieval pour la musique et Michel Rivgauche pour les paroles, consacrera universellement ce noble jeu. »

Ce fut la première olympiade officielle organisée en France, réunissant 75 nations (un nouveau record) mais les conditions d’encadrement et de confort seront très critiquées, salle étouffante, mal éclairée. Ce qui n’empêcha pas l’équipe d’URSS de dominer outrageusement l’épreuve ! Qui est-ce Philibert² ? Philidor passe encore. Nous ne comprenons guère les paroles. C’est sans doute mieux ainsi, la musique suffit ! Cette marche aux accents militaires et staliniens n’a sans doute pas dépaysé les joueurs soviétiques.

¹ Sans aucun doute Robert Poly : « J’ai trouvé, parmis des souvenirs qu’il conservait précieusement, plusieurs exemplaires de la brochure éditée par la Ligue de l’Île-de-France en hommage à la ville de Nice pour la célébration en 1974 du Cinquantenaire de la FIDE et les XXIe Jeux Olympiques, ainsi que plusieurs exemplaires du disque La marche de Philibert, hymne composé pour cette grande manifestation échiquéenne » écrivait, avec tout l’amour d’une mère, Mme Antoinette Poly en hommage à son fils trot tôt disparu en 1992 à 38 ans.
² Peut-être en référence aux État de Savoie, dont dépendait Nice autrefois, et dont quelques princes ont porté le nom de Philibert.

Allez la Tour !


Réunions « Maison pour Tous – Île Saint Pierre », pouvait-on lire sur l’en-tête du bulletin Allez la Tour de notre encore cercle, en juin 1971, présidé alors par Raoul Bertolo, fondateur en 1959 d’Europe Échecs et qui fut un temps président de la FFE. Mazette, du beau linge, dans notre Tpg d’antan ! Nous y reviendrons. Mais n’êtes-vous pas intrigués par cette « maison pour tous » poétiquement insulaire ? Il doit s’agir en fait de l’Île Saint-Paul. L’Île Saint-Pierre est la langue de terre, de l’autre côté du pont de la République, qui accueille la fontaine bisontine du Minotaure. Mais, sur l’Îlot Saint-Paul, un peu en deçà du Moulin, dans des bâtiments, asses laids dans mon souvenir et fort heureusement détruits, devaient se situer, selon notre ancien Daniel Blardone 🙂 , cette Maison pour Tous, en face du Parc Micaud,  au niveau, aujourd’hui, de la Capitainerie de Saint-Paul qui accueille les plaisanciers.

Avec l’aimable autorisation de cpa-besancon.fr

Dans ce même bulletin, l’éditorial nous apprenait : « Quels qu’aient pu être nos résultats sportifs, il va sans dire que cette saison restera marquée par le départ de deux de nos grands amis, et qui plus est, les deux meilleurs animateurs que notre cercle ait eu.

D’un côté le départ de M. PICARD, lui, était attendu par quelques-uns d’entre nous. Notre ancien Président, soucieux de la santé de son épouse s’était peu à peu retiré de la vie active du Cercle. Cette saison, sa retraite est devenue complète avec son déménagement à Chambéry. Dernièrement, nous espérions le revoir à Dijon où il nous avait promis sa présence pour la rencontre Bourgogne-Franche Comté. L’état de santé de son épouse devait malheureusement nous priver de cette occasion.

La disparition de notre ami Julien NAEGELY a par contre revêtu tous les aspects de la tragédie¹. D’abord par les circonstances que nous connaissons tous, ensuite par le coup d’arrêt brutal qu’il a donné à l’activité de notre Cercle. Nous pensons tout particulièrement au voyage de Pilsen, qu’il préparait avec passion et dont il pensait faire le sommet de la saison. “Recimenter les vieilles amitiés”, “Remettre de l’ambiance au Cercle” disait-il.

Voilà deux très grands vides que nous aurons bien du mal à combler.

Aucun des deux n’a laissé de souhaits en ce qui concerne l’orientation du Cercle. Est-ce bien nécessaire ? Nous ne le pensons pas. Ce que nous souhaitons par contre, c’est que leur exemple ne reste pas inutile, et que notre vieux cercle continue malgré tout à exercer son activité.

Allez la Tour !  »

Un clic pour le pdf.
Tous les bulletins d’Allez la Tour ! dans l’onglet Tépégiades / Bulletins

Cinquante ans nous séparent de ces Tpégistes des seventies et déjà tant de noms oubliés ! Qui est donc ce Julien Naegely tant regretté ? Certains sonnent pourtant encore familiers : Picard, Thuriet, Hajnóczy, Skorup, mais pour combien de temps ? Au détour de ce bulletin, cependant, une rencontre : un certain Dr Courtot qui, dans la division Honneur, je vous en prie, bat Touzé (sans doute le futur Président de Belfort-Échecs), notre ami Bernard, tout jeunot alors, qui nous contera, j’espère bientôt, moult anecdotes sur cette période. Il est important de maintenir la mémoire de ces anciens qui on fait de notre club ce qu’il est.

À sa chère épouse qui l’avait tant aidé à la confection de son bulletin, à ses enfants nous renouvelons l’expression de nos sentiments de douloureuse sympathie.

¹ « Julien Naegeli est mort tragiquement dans un incendie. Il habitait rue des Granges, je crois, au-dessus d’un magasin, où le feu se serait déclaré et communiqué à son appartement », nous précise Maxcellend Coulon.

Une analyse du Maître Pellabeton

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Dans les années 90, notre club s’enorgueillissait de la présence du Grand Maître Pellabeton. En farfouillant dans nos archives, je découvre son analyse très détaillée à la calligraphie parfaite d’écolier consciencieux de la partie Ovieve – Hugonnot. Pas de crise de narcissisme de ma part, elle n’est point trop à mon avantage. Disons que je débutais et que je joue beaucoup, beaucoup mieux aujourd’hui  🙂 Partie commentée sans doute pour un bulletin de l’époque. On ne peut qu’apprécier le travail. Il faut nous rappeler, que dans ces années-là, point d’ordi, de ChessBase et de Stockfish, uniquement le joueur face à son échiquier. Les anciens auront reconnu le sieur Pellabeton comme notre ami Bernard Pellaton, réputé pour son jeu solide, voire quelque peu bétonné !

Une partie typique d’amateur. Claude, à mon avis, a eu l’avantage jusqu’au 13e coup. Que c’est-il passé dans sa tête pour qu’il joue 13…Nxe2, alors qu’il avait très bien joué jusque là. 23. ..d5 est aussi une faute importante Enfin la finale est resté nulle jusqu’au 31e coup, après, c’est effectivement plus difficiles de sauver la partie.

Bernard Pellaton, 27 octobre 1994

* François Chevaldonnet, Maître International, Champion de France en 1976 et membre de notre club à l’époque.

Carrossier et joueur d’échecs

Fernand Mamy est décédé le 8 décembre dernier. J’ai rencontré Fernand dans les années 1975/80 et même si nous nous étions perdus de vue, je garde le souvenir d’un homme intelligent et profondément humaniste. Au-delà de ses qualités humaines et professionnelles reconnues, il était aussi un très fort joueur d’échecs. C’est dans ce contexte associatif que je l’ai connu et apprécié. « Carrossier et joueur d’échecs », ainsi titrait l’Est Républicain de l’époque.

Maxcellend Coulon au premier plan à gauche, à côté de Mamy, le carrossier bisontin. Cliché de Bernard Faille pour l’Est Républicain, 1976.

Fernand a été champion de Franche-Comté avant l’avènement de Max Coulon. Dans les années 1970, il était aussi le sélectionneur de l’équipe de la ligue de Franche-Comté. À cette époque, les compétitions inter-ligues existaient. Dans ce cadre, il m’avait sélectionné en 1975, alors que je débutais mon parcours (je n’ose pas écrire ma carrière) échiquéen. En novembre 1975,  j’ai participé à une rencontre contre la ligue de Normandie. Voici cette partie qui montrera aux jeunes générations comment on se débrouillait à l’époque. Nous n’avions bien sûr pas de classement elo.

Bernard Pellaton

MVL et Édouard Bonnet

Quand MVL est devenu champion de France contre un tépégiste !

Maxime Vachier-Lagrave au tournoi des candidats, avril 2021 à Iekatérinbourg – © Lennart Ootes / FIDE Wikimedia Commons

Maxime Vachier-Lagrave, sacré champion du Monde d’échecs blitz, en battant Jan-Krzysztof Duda lors des départages, battant notamment Magnus Carlsen lors de la dernière ronde et ce super résultat a réjoui tous les passionnés de notre jeu tant MVL fait la quasi-unanimité grâce à son talent, mais aussi sa personnalité.

Quel rapport avec la Tour, Prends Garde, me direz-vous ? Il y en a un assez lointain avec un ancien adhérent de notre club, Édouard Bonnet qui débuta son parcours dans notre club (j’étais, à l’époque, président) sous l’égide de François Chevaldonnet. En 1997, j’avais embarqué dans ma prestigieuse limousine (en vérité une Fiat Brava, on a les rêves qu’on peut), la famille Bonnet et François… direction Montluçon où se déroulait le championnat de France des jeunes.

Dans ce championnat petits poussins Édouard, 7 ans, et Maxime, 6 ans, je crois, étaient au-dessus du lot et ont dominé. Maxime finit par l’emporter, mais Édouard avait démontré son talent précoce.

Édouard  affronte de nouveau Maxime à Pau, l’année suivante : « Dans mon souvenir, poursuit MVL sur son site mvlchess.com, c’était un tournoi difficile, avec des parties accrochées. On ne gagnait plus du matériel avec des petites combinaisons faciles, comme deux ou trois ans plus tôt ! Mais le tournoi s’est déroulé de la plus parfaite des façons, puisque j’ai fait le plein avec 7/7, en prenant au passage ma revanche sur Frade Marques dans une très bonne partie ! Mais j’ai perdu la huitième contre Edouard Bonnet, au terme d’une partie assez délirante, sur le Dragon Accéléré que j’affectionnais à l’époque et que j’avais travaillé avec mon entraîneur, le MF Eric Birmingham. »

Bonnet, Édouard – Vachier Lagrave, Maxime, Pau 2000

« J’ai une Q nette de plus et j’ai le trait, et c’est pourtant moi qui suis en danger ! J’ai raté la nulle et j’ai fini par m’incliner, permettant à mon adversaire du jour de me rejoindre à 7/8. »

Édouard arrêta cependant les échecs, puis il les reprit en 2013/2015. Aujourd’hui, Édouard figure toujours au classement FIDE avec un élo plus que respectable de 2350.

Bernard Pellaton