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Marcus aux championnats de France

Marcus Moretto aux Championnats de Frances qui se déroulèrent du 24 au 31 octobre

Si dans ces pages, nous vantons régulièrement les mérites de nos vieux routiers, nous oublions trop souvent la nouvelle génération qui pourtant ne démérite point. Un petit coup de projecteur sur notre petit gaillard « B d’échecs », le poussin Marcus Moretto qui nous offre ses impressions sur le Championnats de France auquel il participa récemment.

« Au début, j’étais extrêmement stressé, car il y avait beaucoup de monde — la salle où nous jouions était immense — et parce qu’il s’agissait de mon premier grand tournoi. Mais à partir de la 2e journée, je me suis un peu rassuré et j’ai réussi à gagner les 2 parties de la journée ! L’ambiance était conviviale et sympathique pendant les temps d’attente ou dans la salle d’analyse et très calme pendant les parties, malgré le nombre impressionnant de joueurs. Les autres joueurs étaient plutôt fair-play. Nous discutions facilement avant les parties et partagions nos impressions à la fin. J’ai pu rencontrer des enfants venant de différentes villes et tous passionnés par les échecs ! »

Y a-t-il une partie que tu voudrais nous montrer et commenter ?

« Je penche pour la 8e ronde ! J’ai choisi cette partie car malgré quelques erreurs, j’avais l’impression de la maîtriser. J’étais content et heureux de cette victoire. »

« Je suis globalement content de mes résultats. Le niveau des joueurs était extrêmement élevé et c’était relativement difficile. De plus, il s’agissait de mon 1er championnat en vrai (pas en ligne), je suis très satisfait et motivé pour me qualifier pour l’année prochaine. Je l’espère en tout cas pour essayer d’améliorer mes résultats.

Comment as-tu découvert les échecs ?

Dans un livre traitant des échecs Les échecs, un jeu d’enfant offert par mon papa. Je voulais essayer et j’ai tout de suite apprécié. J’ai beaucoup joué avec mon père au début. Je joue aux échecs car j’aime réfléchir. J’aime particulièrement la stratégie et trouver des combinaisons, les aspects tactiques, la défense et le jeu de contre-attaque, jouer contre des joueurs plus forts que moi, ou de même niveau ; j’aime également la compétition. Je suis souvent stressé, mais j’essaie de rester confiant. Je passe en moyenne 30 minutes par jour à étudier les échecs.

Que ressens-tu quand tu perds ?

De la déception (sauf contre des joueurs plus forts que moi !)et quand je gagne de la joie, évidemment (surtout contre des joueurs plus forts que moi !).

Que t’ont appris les échecs ?

À rester concentré longtemps, à travailler la mémoire et à apprendre de mes erreurs.

Que pensent tes copains quand ils apprennent que tu joues aux échecs ?

Ils veulent aussi apprendre. Mon enseignant de l’an dernier faisait un atelier découverte Échecs une fois par semaine et j’étais son assistant !

Penses-tu que les échecs ne sont qu’un jeu ou quelque chose de plus ?

Pour moi, c’est un jeu, mais aussi un sport et un art. »

La jeunesse montre l’homme…

… comme le matin montre le jour


Si dans ces pages, nous vantons régulièrement les mérites de nos vieux routiers, nous oublions trop souvent la nouvelle génération qui pourtant ne démérite point. Pour réparer cette injustice, un coup de projecteur sur notre benjamin Goma-Rayan Roger à la septième place du tournoi de printemps à 4 ½ avec la meilleure perf FIDE à +26,27 (déjà +33,04 au tournoi d’automne) et à la progression spectaculaire de 528 points en un an ! Il s’est prêté avec le sérieux que nous lui connaissons à un petit jeu de questions-réponses :

Rayan à droite et ses deux compères Chadi Kassab et Evan Dromard

Rayan, comment as-tu découvert les échecs ?
Je joue aux échecs depuis que j’ai 9 ans (classe de CE2). J’ai découvert les échecs d’une des façons les plus étonnantes et improbables : étant assez curieux quand j’étais petit, j’avais essayé plein de jeux et d’activités pédagogiques sur mon ordinateur. J’ai alors trouvé un programme d’échecs installé, avec les règles du jeu. J’essayais de déplacer mes pièces, de faire des échecs… Mais je perdais à chaque fois ! J’ai fini par gagner après quelques années de pratique au club. Par le plus grand des hasards, mon père s’était fait une connaissance qui jouait aux échecs, le tépégiste Marc Malaisé. Marc pensait que les échecs pouvaient m’intéresser, sans savoir que j’essayais d’y jouer sur mon ordinateur. C’est comme ça que Marc est venu chez moi. Il m’apprit d’abord le déplacement des pièces que j’avais du mal à retenir avec mon ordinateur et me conseilla alors de m’inscrire au club, ce que je fis l’année suivante.

Pourquoi joues-tu aux échecs ?
Je joue aux échecs, car j’adore réfléchir sur une position pour trouver la stratégie gagnante, ainsi que toutes les émotions qui me traversent quand je gagne.

Qu’est ce qui te donnes envie de jouer aux échecs et que ressens-tu quand tu perds ? Quand tu gagnes ? 
Le fait de réfléchir dans une partie passionnante où il ne faut pas relâcher l’attention, ainsi que le gain en fin de partie et que j’ai l’impression d’avoir bien joué. La victoire me donne envie de jouer pour gagner à nouveau et éprouver cette satisfaction. Dans la défaite, je suis souvent dégoûté et j’ai encore plus envie de jouer que quand je gagne, afin de me surpasser et gagner.

Qu’est-ce qui t’intéresses dans ce jeu et que t’ont appris les échecs ?
Les échecs permettent d’apprendre à réfléchir et à mémoriser. Ils permettent aussi de s’exercer à prendre des risques réfléchis et non-suicidaires. C’est le fait de la multitude de parties différentes à jouer et la précision avec laquelle il faut jouer (on peut passer d’une position ultra gagnante, mais perdre sur une imprécision). Ils m’ont appris que rien n’est gagné par avance et qu’il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.

Beaucoup d’adolescents arrêtent de jouer. Pourquoi continues-tu à jouer aux échecs ? 
Je continue, car depuis que j’ai commencé, j’ai toujours aimé les échecs et j’espère toujours les aimer.

Que pensent tes copains quand ils apprennent que tu joues aux échecs ?
Souvent, ils me disent qu’eux aussi jouent en famille et parviennent à battre leurs parents. Ils trouvent les échecs intéressants, mais sans plus. Certains veulent parier contre moi qu’ils pourront me battre. Un copain m’a même proposé un pari d’argent : le perdant donne 5 euros au gagnant. J’ai bien sûr accepté et je l’ai battu à plat de couture, mais je lui ai dit de garder son argent.

Combien de temps passes-tu pour étudier les échecs ?
Souvent, en rentrant des cours, je joue un peu, un peu avant de m’endormir, je regarde aussi les livres… Ça varie en fonction de mon temps libre. Je passe en moyenne une à deux heures par jour à jouer aux échecs.

Penses-tu que les échecs ne sont qu’un jeu ou quelque chose de plus ?
Beaucoup plus qu’un jeu ! Ils permettent de développer plusieurs facultés : concentration, mémoire, calcul, gérer des situations difficiles…

Que penses-tu de notre club ?
La Tpg est un club convivial qui propose plusieurs créneaux horaires pour ceux qui veulent apprendre à jouer aux échecs ainsi que plusieurs initiations et aussi les Échecs au parc. Les jeunes y sont bien accueillis et bien accompagnés dans leur apprentissage des échecs.

Selon toi que faudrait-il faire pour que plus de jeunes viennent au club ?
Les échecs ont l’image d’un sport ennuyeux. Les parents n’ont pas forcément envie d’inscrire leur enfant en club. Nous organisons plusieurs tournois et activités pour faire découvrir les échecs, mais je pense que c’est dans les écoles que les maîtres et les maîtresses doivent initier les élèves.

“La jeunesse montre l’homme comme le matin montre le jour.” John Milton, Paradis retrouvé.

2 RÉFLEXIONS SUR « LA JEUNESSE MONTRE L’HOMME… »

  1. Nul doute que Ryan est promis à un bel avenir !
    Bel interview et belle mentalité de ce jeune joueur…moi, j’aurai sans vergogne pris les 5 euros ; un pari est un pari !

  2. Je salue cette belle initiative de notre webmaster préféré. Les propos de Ryan sont très intéressants à entendre. J’ajouterai qu’en tant que directeur technique et arbitre, j’ai souvent sollicité Ryan pour participer aux différentes compétitions par équipe et il a toujours répondu favorablement à mes demandes. Un jeune passionné par notre jeu et un bel avenir s’ouvre devant lui.
    Bravo Rayan !

    Amicalement, jfc

Verte Irlande

Des nouvelles fraîches de notre envoyé spécial Poupinet en direct des tourbières de la verte Irlande.

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Le château de Bunratty, construit en 1425, se situe au centre du village

Notre webmaster bien-aimé m’avait fortement incité, avec l’insistance rasoire que vous lui connaissez, de profiter de mon séjour, pour vous écrire un petit quelque chose sur les Échecs de ce vert pays. Sacrément embêté, que je fus : je n’ai quasiment pas poussé du bois depuis six mois (ma future accession au titre de grand maître s’en voit repoussée d’autant). Heureusement, avec la venue de Stepan du Roi Blanc, pendant deux semaines en février, nous avons agi comme des touristes échiquéens normaux en pays étranger : nous nous sommes enfermés dans une salle pendant tout un week-end afin de rester immobile les yeux rivés sur l’échiquier. Me voilà donc en mesure de vous narrer le déroulement d’un tournoi sur l’île d’émeraude.

Le lieu du tournoi était impressionnant. Après un périple digne d’Indiana Jones allant chercher ses croissants du matin, nous sommes arrivés à [google-map-fb-popup id=”4″], petit village irlandais connu pour son château médiéval et son parc historique. Bref, c’est un attrape-touristes bien réalisé. Qui dit touristes dits hôtels de luxe. Et c’est dans l’un d’entre eux, le Bunratty Castle Hotel, que le tournoi se déroula. Effectivement, le cadre changeait des tournois franc-comtois : l’hôtel très XXe siècle, mais XXe siècle pour rupins : fauteuils en cuir douillet, moquette classe, stuc suivant la courbe du plafond… rien à redire sur le décor. Mais l’attraction principale, et ceci semble être partagé aussi bien par le joueur irlandais que français, restait… le bar, évidemment ! Pour le reste, les salles de jeu silencieuses à souhait, les sièges rembourrés, de l’eau fraîche apportée par des larbins aux joueurs assoiffés, et une salle d’analyse dans la bibliothèque qui arborait fièrement une collection de vieux bouquins jamais ouverts.

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Bunratty Castle Hotel

L’organisation d’un tournoi est très différente de ses équivalents français. En premier lieu, il n’était pas homologué. La première partie commençait le vendredi à 20 h, la seconde le samedi à 9 h 30, suivis de deux autres parties et les deux dernières, le dimanche. La cadence, 1 h 30 + 15 secondes par coup, est typique en Irlande, les joueurs ne pouvant rarement trouver trois ou quatre jours de libres pour jouer selon les modalités internationales. Ce qui revient à dire que peu d’Irlandais possèdent un classement FIDE. Pour pallier à ce genre de problème, les organisateurs prennent en compte le élo irlandais pour répartir les joueurs dans les différents tournois, si bien qu’un joueur dans le moins 1500, peut avoir plus de 1800 à l’international. Le tournoi ne comptant pas pour la FIDE, les organisateurs n’ont aucun mal de faire venir des GMIs, par exemple Nigel Short. Ce système a toutefois un petit désavantage : le élo irlandais, tout comme le élo FIDE des Irlandais, est totalement sous-évalué. La prochaine fois que vous jouerez contre un Irlandais, ajoutez 200 ou 300 points à son classement.

Mais ces particularités n’ont pas empêché plusieurs joueurs du continent, dont deux Français, de faire le déplacement juste pour le week-end. Un joueur allemand m’a même affirmé qu’il s’agissait de ses vacances. Ah, les joueurs d’Échecs ! J’habite à 30 minutes de Bunratty, le déplacement fut déjà difficile, j’ai heureusement réussi à trouver un covoiturage 10 minutes avant le début de la première ronde, alors j’imagine mal pourquoi l’on vient exprès d’un autre pays juste pour jouer. La gestion des feuilles de parties est une autre différence amusante. Ici, les arbitres ne font pas du tout attention au devenir des feuilles et ne stockent pas les originaux et il n’y a pas de copie. La plupart des joueurs irlandais dédaignent la simple feuille pour consigner leurs parties dans un carnet dédié à cet usage, pratique lorsque l’on veut retrouver un match disputé il y a deux ans.

Ma mission de reporter étant terminée, je vous laisse à vos aventures échiquéennes et je relègue mon propre jeu au fond de mon placard pour au moins quatre mois.

Amicalement.

Clément Poupard
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2 RÉFLEXIONS SUR “ VERTE IRLANDE ”

La version actuelle du reportage fut légèrement retouché par notre chère webmaster (et c’est lui qui, plein d’humilité, reconnait être rasoire).

Salut Clément,Bravo pour cette passionnante chronique.
Une petite remarque on dit  “pallier quelque chose” et non   “pallier à…”.  (du Latin pallium = manteau). Ce n’est pas grave : beaucoup de gens font la faute !
Bien amicalement à toi. Bernard.