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Le Quiz

Qu’est-ce que le jeu de la Dame enragée :

Bravo aux 2 érudits pour leur bonne réponse. La question n’était pas simple.
Il fallait connaître ce moment clé de l’histoire du jeu, fondateur de nos Échecs modernes.

À l’origine, le déplacement de la reine, avatar européen du conseiller oriental (Farzin ou Vizir), était limité à une seule case en diagonale. Nous nous trouvons à la fin du XVe siècle, au moment où la dame devient selon l’expression consacrée « enragée », à une époque charnière de l’histoire des échecs. Étonnante expression utilisée dès l’origine, dès qu’elle fut capable de traverser toutes les cases libres de ses lignes en devenant la pièce la plus puissante de son camp. Enragé avait-il alors le même sens qu’aujourd’hui ? Il était alors employé au sens de passionnée, frénétique, impatiente. « Notre dame enragée aux échecs est de cette qualité. Elle guerroie ; l’amour courtois devient amour combattant […] La reine des Échecs passe de l’état de dame réservée à celui de dame passionnée.¹ »

Dans les deux dernières décennies du XIVe, le jeu d’échecs connaît une transformation profonde. L’esprit même du jeu a changé. À son introduction en occident, vers l’an mille, il est une activité aristocratique, presque un rituel (amoureux parfois) d’une lenteur cérémonielle qui s’accorde bien avec la vie des classes aisées. Une noble dame joue quelques coups avec un beau chevalier, laissant là l’échiquier pour un festin. Ils y reviennent le lendemain pour quelques coups encore, passant peut-être rapidement à de plus doux combats. Puis c’est une chasse ou un bal…

Livre d’heure de Maastricht, f141r, 1er quart du XIVe siècle – The British Library

Mais tout cela paraît bien long et ennuyeux pour l’homme de cette fin du XIV. De nombreux coups sont nécessaires pour que les forces ennemies entrent en contact au centre de l’échiquier. Ce jeu renouvelé est actif, dynamique et il faut d’emblée tenir compte des coups de l’adversaire. Avec cette Dame qui parcourt l’échiquier à grandes enjambées, pas question de penser à la bagatelle. Le mat qui rôde vous amoindrit la résolution amoureuse.

L’autre changement notable dans ces nouveaux échecs concerne le fou (l’évêque dans les pays anglo-saxons). Lui aussi peut à présent se déplacer sur n’importe quelle case, tant que le chemin en diagonal est dégagé. Il y aura fallu cinq cents ans pour que la reine et le fou puissent arriver à ce niveau de force. Et donner à la reine et au fou une plus grande force tactique sur l’échiquier, reflet du monde réel, c’était reconnaître leurs formidables positions dans la vraie vie.

D’autre part, l’art de la guerre est bouleversé par la généralisation de l’usage des armes à feu, c’est notamment à partir de ce moment-là que la reine et le fou acquièrent la possibilité de traverser tout l’échiquier, à l’image de ces nouvelles armes meurtrières à longue portée. L’histoire des échecs semble ainsi refléter l’histoire de la guerre et, plus généralement, les composantes sociales du monde dans lequel on joue.

¹ Jean-Marie Lhôte – Martin Le Franc et la dame enragée.

Le Quiz

« Soudain, il ressentit une douleur cuisante, bien qu’elle n’affectât pas son être véritable, et il poussa un grand cri en secouant sa main mordue par la flamme d’une allumette qu’il avait frottée en oubliant de l’approcher de sa cigarette. La douleur se calma aussitôt, mais dans le jaillissement de la flamme, il avait entrevu quelque chose d’effrayant et d’insupportable. Il prit conscience des abîmes affreux où le plongeaient les échecs, jeta, malgré lui, un nouveau regard sur l’échiquier — et sa pensée s’alourdit sous le poids d’une fatigue qu’elle ne connaissait pas. Cependant les échecs étaient sans pitié, il était leur prisonnier et aspiré par eux. Horreur, mais aussi harmonie suprême : qu’y avait-il en effet au monde en dehors des échecs ? Le brouillard, l’inconnu, le non-être… Soudain, il s’aperçut que Turati n’était plus assis, mais se tenait debout, les mains derrière le dos. “Partie interrompue, maître, dit une voix derrière lui. Notez votre coup.
— Non, non, encore, supplia-t-il, cherchant du regard celui qui avait parlé.
— Partie interrompue “, répéta derrière lui la même voix, une voix frétillante. Il voulut se lever et n’y parvint pas. Il s’aperçut alors qu’il venait de reculer, sans quitter sa chaise, et que des inconnus s’étaient rués, féroces, vers l’échiquier, cet échiquier où, tout à l’heure encore, était concentrée toute sa vie, et qu’ils se disputaient et hurlaient en déplaçant vivement les pièces. »

2 bonnes réponses sur 7

Qui est-ce :

Louijine, joueur prodige, maniaque, marginal, obsédé par le jeu, déshumanisé, il finit par sombrer dans une démence et se suicide, devenu incapable de distinguer le monde réel de celui de l’échiquier.

Si M. B, le personnage de Zweig, s’enferme volontairement dans cette cellule capitonnée en noir et blanc du jeu, c’est bien plutôt pour échapper, au risque de se perdre, à la folie nazie et au suicide, mais il se rattrapera in extremis au bord de l’échiquier pour revenir dans la réalité. Le mythe du joueur fou, qui articule folie et génie, est illustré par le héros de Nabokov, Louijine. Il utilise, lui, le jeu pour tenter de surmonter sa propre folie, n’existant qu’au travers le mouvement et la vie des pièces qu’il superpose à la vie qui l’effraie, jusqu’à la recouvrir. Cela fonctionne… un certain temps. Quand Loujine n’est plus qu’un pion devant un adversaire invisible dont il ne comprend plus les coups, il se suicide pour ne pas être échec et mat.

Couverture de la première édition de La Défense Loujine

L’histoire d’un joueur d’échecs écrasé par son propre génie. « De tous mes livres russes, La défense Loujine, écrit Vladimir Nabokov, est celui qui contient et dégage la plus grande “chaleur” – ce qui peut paraître curieux, sachant à quel suprême degré d’abstraction les échecs sont supposés se situer. En fait, Loujine a paru sympathique même aux gens qui ne comprennent rien aux échecs et/ou détestent tous mes autres livres. Il est fruste, sale, laid – mais comme ma jeune fille de bonne famille (charmante demoiselle elle-même) le remarque si vite, il y a quelque chose en lui qui transcende aussi bien la rudesse de sa peau grise que la stérilité de son génie abscons. »

Le Quiz

Quand fut créée l’appellation « grand maître international » : 1838, 1914 ou 1950 ?

10 bonnes réponses sur 11 !

L’expression grand-maître fut utilisée pour la première fois en 1838. Le terme réapparaît en 1907, au cours d’un tournoi à Ostende, comportant plusieurs sections dont un « tournoi de maîtres », avec trente participants, remporté par Ossip Bernstein et un « tournoi de grands-maîtres » (Großmeister en allemand), réservé selon Bernstein aux joueurs ayant remporté plusieurs tournois internationaux. L’appellation resurgit en 1914, en Russie, pour mettre en valeur les meilleurs joueurs d’échecs de l’époque. Dans ses mémoires My Fifty Years of Chess, Frank Marshall écrit en 1942 : « C’est dans ce tournoi que le Tsar, Nicolas II, conféra aux cinq finalistes (Emanuel Lasker vainqueur du tournoi, José Raúl Capablanca, Alexandre Alekhine, Siegbert Tarrasch et Frank Marshalll) le titre Grand maître des échecs. » De son côté, la fédération soviétique créée le titre de grand-maître soviétique dans les années Trente.

La FIDE officialise en 1950 en créant le titre de grand maître international du jeu d’échecs, l’octroyant à 27 joueur. À part le titre de champion du monde, « grand maître » est la plus haute distinction qu’un joueur puisse obtenir. Je n’ai pas trouvé leurs nombres aujourd’hui, sans doute tout juste 2000 dans le monde. En mars 2010, ils étaient 1235. Au 1er avril 2020, la France comptabilisait 50 GMI, et notre club peut enorgueillir d’en compter un parmi ses membres : Alexeï  CHARNUSHEVICH ! Sans doute bien des clubs peuvent se targuer d’aligner des GMI mercenaires, changeant au gré des saisons, dans leur équipe. Mais nous, nous pouvons dire : nous avons un tépégiste GMI !

Le Quiz

Depuis quand le classement elo est-il utilisé par la FIDE : 1960, 1970 ou  1978 ?

Aucune bonne réponse !

Que se soit sur le ring, un terrain de foot ou autour d’un échiquier, un match détermine le meilleur à un instant T. Mais comment intégrer ces résultats isolés dans un classement global ? Les fédérations sportives utilisent une multitude de systèmes différents. L’univers rationné des échecs adopta, dans les années 1970, le classement elo. Elo n’est pas un acronyme, mais la méthode de l’Américain d’origine hongroise Arpad Elo (1903-1992). Bien que le jeu n’était pour lui qu’un loisir, Arpad Elo a remporté huit fois le championnat de l’État du Wisconsin, et annula à deux reprises face à Reuben Fine, à l’époque l’un des meilleurs joueurs du monde. Cependant, il est principalement connu dans le monde des échecs pour son classement Elo, qui hiérarchise de manière scientifique les performances des joueurs d’échecs. Initialement développé par Kenneth Harkness dans les années 1950, Arpad Elo améliore la méthode en 1960, validée par la fédération américaine la même année. Elle est adoptée par la FIDE en 1970. Arpad Elo décrit son travail dans son livre The Rating of Chessplayers, Past and Present, publié en 1978.

Magnus Carlsen a grimpé jusqu’à 2 882 points en mai 2014, le plus haut score jamais atteint. Est-il pour autant le meilleur joueur de l’histoire ? « La méthode Elo est basée sur l’idée que les points évoluent en fonction du résultat d’une partie et du classement de l’adversaire, explique Jean-Marc Alliot de l’Institut de recherche en informatique de Toulouse. Elle marche très bien, mais ne prend pas en compte la qualité des coups. On peut parfaitement gagner en jouant mal, à condition que votre challenger joue encore plus mal. » Jean-Marc Alliot propose donc de classer les joueurs selon la qualité de l’ensemble de leurs coups. s’appuyant sur un maître d’un genre particulier : Stockfish. « Le système Elo est perfectible, mais il est stable depuis longtemps, simple à mettre en œuvre et fonctionnel, avoue Jean-Marc Alliot. Il faudrait présenter des avantages importants aux fédérations pour qu’elles changent de paradigme et modifient leurs classements. Un système comme le mien nécessite encore de nombreuses vérifications et certainement des améliorations. L’augmentation des puissances de calcul devrait cependant permettre de le généraliser à tous les joueurs et de concurrencer le système Elo. »

Le Quiz

Qu’est-ce que le Zugzwang :

1. être obligé de jouer ?
2. il n’y a plus qu’un seul coup jouable ?
3. placer une pièce devant un pion adverse de façon à bloquer son avance ?

Six bonnes réponses sur 12, donc ½ point ! La nuance peut paraître subtile, mais elle existent entre zugzwang et coup forcé :


Le zugzwang est un désavantage, le seul fait d’avoir à jouer, entraînant la perte de la partie quelque soit le coup. Le camp en zugzwang n’affaiblirait pas sa position s’il avait le droit de ne pas jouer. Le fait d’avoir le trait constitue alors un désavantage. Plusieurs coups sont éventuellement possibles, mais seront tous défavorables. Plus fréquent en finale, le zugzwang peut également se produire en milieu de partie. Il vient de l’allemand zug, se déplacer, et zwang, contrainte.

Plus que tout autre joueur, Nimzowitsch excellait dans l’art de conduire son adversaire au zugzwang. Voici son Immortel Zugzwang contre Friedrich Sämisch. Cette partie fut appelée ainsi en raison du remarquable dernier coup : 25. h6. Nimzovisch ne fut cependant pas satisfait de sa victoire. Il estima que son adversaire n’était pas au mieux de sa forme et il dut être persuadé par ses éditeurs pour inclure cette partie dans son livre Die Blockade et quand il accepta, ce fut avec des excuses à son cher collègue.


Un coup forcé est un coup obligatoire si l’on ne veut pas perdre. Par exemple la prise d’une pièce, oblige habituellement à reprendre. Les combinaisons sont principalement basées sur des coups forcés : échecs, échanges de pièces, protection de pièces entraînants une variante forcée.


L’une des parties les plus extraordinaires jouée par Tal fut sa victoire contre le maître suisse Dieter Keller au tournoi de Zurich 1959. Trouverez-vous le coup de baguette final du magicien de Riga ?


Le blocus, c’est placé une pièce devant un pion adverse de façon à bloquer son avance. Le pion ennemi fournit un abri à la pièce qui la bloque, le protégeant ainsi des attaques de pièces ennemies. Un blocus est plus efficace contre les pions passés ou isolés. Le cavalier est la pièce idéale à utiliser comme bloqueur.

Le Quiz

Quel grand champion était si pauvre dans sa jeunesse qu’il devait partager sa culotte avec son frère et ne sortait dans la rue qu’à tour de rôle : Wilhelm Steinitz, Emanuel Lasker ou Bobby Fischer ?

Une seule bonne réponse sur cinq. Quatre ont choisi Steinitz qui, il est vrai, toute sa vie a tiré le diable par la queue.  Emanuel Lasker est né dans la province prussienne de Brandebourg dans une famille juive. Son père, Adolf Lasker, chantre à la synagogue, dirigeait les prières liturgiques et les chants. Emanuel et son frère aîné Berthold sont envoyés à l’école à Berlin alors qu’il n’a que onze ans. C’est Berthold, étudiant à la faculté de médecine, qui lui apprend à jouer. Lasker, se faisait un peu d’argent en jouant aux Échecs dans les cafés locaux. Les parents d’Emanuel, inquiets de le voir consacrer tant de temps au jeu et pas assez à son travail scolaire, demandent à Berthold de lui trouver une école. Ironie, le directeur de cette nouvelle école n’était autre que le président du club d’Échecs de la ville et le professeur de mathématiques était le champion d’Échecs local, dire que le jeune Lasker se trouva dans son élément. Emanuel continua de montrer des talents remarquables à la fois pour les mathématiques et les Échecs.

La Peste Noire

Vous connaissez bien sûr le sens d’adouber : toucher une pièce pour la remettre en place et non pour la jouer en prononçant les mots : « J’adoube ». Ce terme échiquéen, de même qu’« en passant », est utilisé en français par tous les joueurs du monde.

À ce sujet, connaissez-vous ce personnage, un des plus curieux de l’histoire de notre jeu, Joseph Henry Blackburne (1841-1924). Homme de caractère fort et changeant, passant de l’irritation à la dépression très facilement, acteur d’une série d’anecdotes qui lui valut le surnom de La Peste Noire ! Pour en avoir une idée, il suffit de dire que, après avoir perdu un match contre Steinitz, il se jeta par la fenêtre par désespoir d’avoir perdu. La bonne nouvelle était que l’on était au rez-de-chaussée, l’événement n’eut donc pas de conséquences funestes. Une autre anecdote afin d’évaluer l’autre extrémité de sa personnalité fantasque : au cours d’une simultanée donnée à l’Université de Cambridge, les étudiants pensèrent qu’il serait plus facile à battre en laissant une bouteille de whisky et un verre à chaque extrémité de la table. À la fin de la session, Blackburne avait bu les deux bouteilles et remporté tous les matchs en un temps record. Une autre anecdote, probablement apocryphe, raconte que dans une simultanée, concentré et nerveux, il boit le verre de whisky de l’un des participants. Après le match, il déclare que son adversaire lui ayant mangé un pion « en passant » et que, incidemment, il avait, lui, bu son whisky « en passant ». Toujours, il a soutenu la théorie selon laquelle boire du whisky améliorait la qualité de jeu parce que « l’alcool éclaircit l’esprit. » Fidèle à ses idées, toute sa vie, il a tenté de prouver cette théorie toutes les fois qu’il le pouvait par des cuites sévères, qui furent nombreuses durant ses 83 années de vie.

Voici la partie Zukertort – Blackburne « L’immortelle » Londres, 1883 où Blackburne ne s’était sans doute point assez éclairci l’esprit :

Après ce long détour par la Peste Noire, je reviens à ma question :

Quelle est l’origine du terme « J’adoube » : 1. de l’adoubement du chevalier, 2. du verbe « dauber» dénigrer, 3. du vieux français « adubler » signifiant  «  voir double » ?

De l’ancien français adouber lui-même venant de douber et probablement de l’ancien bas francique dubban, « frapper ». Le futur chevalier recevait lors de l’adoubement la « paumée » ou « collée », fort coup du plat de la main administré par le parrain sur la nuque.

Six bonnes réponses sur neuf. Trois tpgistes se sont fait avoir par  les origines farfelues, particulièrement pas adubler qui, si le verbe dauber existe, est une pure invention.

Le Quiz

D’où vient l’expression échec et mat :

1. du sanskrit संस्कृतम् : le roi est décapité ?
2. du persan شاه مات  : le roi est étonné ?
3. de l’arabe الشاه مات  : le roi est mort ?

Bravo à celui qui a trouvé la réponse précise : «le roi est étonné » ! Un point tout de même, car la réponse majoritaire n’est pas fausse.

L’expression n’a pas toujours été employée. Elle apparut au cours de l’évolution des règles. Dans les versions originales du jeu pratiquées en Inde, le Roi pouvait être capturé comme toute autre pièce. Les Perses, trouvant cette manière de terminer le jeu peu élégante, développèrent la notion de mise en échec. Le Roi devenant intouchable, il fallait le menacer sans jamais pouvoir le prendre.

Étymologiquement, échec et mat vient vraisemblablement de l’arabe الشاه مات (aš-šāh māta), « le roi est mort », traduction erronée du persan شاه مات (šâh mât), « le roi est étonné » ou « surpris », avec le sens militaire d’être pris en embuscade ou d’« être confondu » ou de شاه ماند (šâh mând), « le roi resta », avec le sens d’« être abandonné ». Mat est le terme persan pour dire vaincu, impuissant ou paralysé. Des millions de joueurs pensent que « échec et mat » vient de l’expression arabe  al cheikh mat, le roi est mort. Mais le roi, la seule pièce à ne pas être trucidé sur l’échiquier, doit abdiquer, la partie perdue, vaincu semble donc avoir beaucoup plus de sens à ce sujet.


Notre ami Ali, à l’œil persan, précise : « Le sanskrit n’est pas une langue, mais une catégorie de langues, comme par exemple le Français, l’Allemand ou le Perse qui ont pour origine une catégorie qui est indo-européenne. L’arabe est d’origine sanskrit qui est effectivement une catégorie de langues et non pas une langue. »

Cependant, vérification faite dans le Dictionnaire de l’Académie française :

SANSCRIT, SANSCRITE (le deuxième s se fait entendre) nom et adjectif
XVIIe siècle. Emprunté du sanscrit samskr(i)ta, « parfait », c’est-à-dire respectant toutes les règles de la grammaire.
N. m. Langue indo-européenne parlée en Inde depuis le deuxième millénaire avant notre ère et progressivement réservée aux seuls lettrés. Le sanscrit était la langue sacrée des brahmanes. La grammaire du sanscrit se caractérise par une syntaxe simple et par une abondance de règles morphologiques et phonétiques. Le « Mahabharata » est un long poème épique en sanscrit.

Le Quiz

En 1858, Morphy rencontre Paulsen, bien connu pour être un joueur particulièrement lent à prendre ses décisions. Mais, au cours de ce match, cela dépasse les limites du tolérable ; il est assis depuis cinq heures à réfléchir à la position. Paul Morphy, habituellement le modèle de la courtoisie devant l’échiquier, explose :
Mais pourquoi donc ne jouez-vous pas ?
À quoi l’ineffable Paulsen répond paisiblement :
Ah, c’est à moi de jouer ?

À l’origine, les parties d’Échecs se déroulaient sans limites de temps. Des joueurs prenaient un temps de réflexion excessif, soit parce que cela était conforme à leur tempérament, soit parce que face à une situation compromise, ils ne se résignaient ni à jouer, ni à abandonner. On raconte que Paul Morphy fondit en larmes, exaspéré par le temps que prenait son adversaire.

De quand date l’utilisation de la première pendule : 1862, 1876 ou 1894 ?

Seulement deux bonnes réponses : 1862 !

Pendant des siècles, joueurs et spectateurs se sont plaints de la durée excessive des parties d’échecs. Lorsqu’une limite de temps fut établie, des pendules furent inventées. Les premiers signes de changement n’apparurent que vers le milieu du XIXe siècle. Jusqu’alors, les joueurs de tournois appréciaient le jeu illimité. En 1834, lors de plusieurs matchs célèbres entre Louis de La Bourdonnais et Alexander McDonnell, le temps n’était, semble-t-il, pas un problème. Les parties duraient de longues, longues heures, mais la durée exacte de chaque coup n’a pas été enregistrée. Walker chronométra La Bourdonnais, cinquante-cinq minutes pour un seul coup, mais a ensuite dit que « McDonnell a été incomparablement plus lent ». En 1843, plusieurs spectateurs impartiaux décrivent un match entre Howard Staunton et Pierre St-Amant comme un test d’endurance physique : la partie de 66 coups dura 14 heures et demie. Ces sortes de prolongements sans but et les tentatives délibérées d’user l’adversaire étaient monnaie courante à l’époque, et une partie moyenne pouvait durer neuf heures.

Après le tout premier tournoi mondial de Londres en 1851, un torrent de critiques fustigea la lenteur incroyable des parties. A. Cantab écrit en 1952 : « que chaque joueur ait un sablier de trois heures et qu’un ami le fasse basculer ». Proposition soutenue par Howard Staunton et d’autres joueurs de premier plan. Une autre proposition, du maître allemand, le Baron von der Lasa, était d’utiliser deux montres et noter le temps employé pour les coups de chaque adversaire. Ce calcul était populaire en Europe parce que le sablier s’était révélé problématique. Température et humidité avaient des effets sur le sable et sur la précision d’un endroit à autre ou d’un match à  l’autre. En outre, un joueur énervé pouvait se tromper de sablier et tout fausser. Un dispositif de chronométrage mécanique apparaît enfin et une autre étape est franchie en 1867, lorsque le Tournoi International de Paris inflige une amende de 5 francs pour un dépassement de quinze minutes au-delà de la limite du temps réglementaire de dix coups par heure. En 1883, un dispositif de chronométrage mécanique fut inventé, à la grande joie de la communauté échiquéenne. Cette horloge tumbling fait ses débuts à Londres la même année, invention de Thomas Bright Wilson de Manchester. Elle se composait de deux pendules identiques fixés sur les extrémités opposées d’une balance. Quand un joueur a terminé son coup, il bouge son horloge dans une position qui arrête sa pendule et déclenche celle de l’adversaire.

Le tumbling-clock fut fabriqué par Fattorini & Sons de Bradford, en Angleterre. L’avènement du temps limité transforma un jeu d’échecs en un sport et ajouta un élément de pression et fut également un facteur important pour rendre les matches plus spectaculaires. Les Échecs furent le premier jeu dans lequel le recours systématique à la pendule s’est imposé à tous les niveaux de la compétition. La pendule apparut lors du deuxième tournoi international de Londres en 1862, formule qui fut confirmée lors du match Adolf Anderssen contre Wilhelm Steinitz en 1866, puis lors du tournoi de Paris en 1876. C’est en 1894, au tournoi de Leipzig, que fut adoptée la double pendule avec couplage mécanique. Mais pendant longtemps, les joueurs hésitèrent à exiger une victoire en raison du temps seul.

Le Quiz

Le rukh persan en route vers l’occident, où après bien des aventures, il deviendra notre tour. Iran, Nishapur, IX – XII e siècle – Metropolitan Museum de New-York.

Depuis son origine indienne, notre tour a subit bien des tribulations, se métamorphosant au cours de son voyage vers l’Occident chrétien, gardant toujours une importante force symbolique, mais connaissant des fortunes diverses. En arrivant en Perse, elle devient le rukh, ce rapace fabuleux de la mythologie iranienne, capable de capturer un éléphant dans ses griffes. Il s’est d’abord maintenu tel quel, puis se transforme en différents animaux et d’autres avatars pour arriver à notre tour moderne.

Parmi toutes ses transformations, que n’a-t-elle jamais été :
un chariot, un messager ou une sentinelle  ?

Trois sentinelles (warders) des pièces de Lewis, XII e siècle – British Museum

Quatre mauvaises réponses sur sept. Trois pour le messager, la bonne réponse. Placé aux extrémités de l’échiquier, le charriot de guerre indien devient naturellement le guetteur de l’ost féodal dans les pays scandinaves. Trois des douze warders des pièces de l’Île de Lewis, dont l’un sous l’aspect d’un berserker¹, au regard fou et mordant son bouclier dans une rage de combat. Célèbre dans la mythologie nordique, ils étaient décrits comme des guerriers incontrôlables, combattant férocement, le plus souvent nus ou à peine vêtus, dans un état de transe, ne ressentant pas la douleur et inspirant la crainte à leurs adversaires. Ces caractéristiques ont donné au berserker une réputation surhumaine.

La tour moderne est arrivée que tardivement sur l’échiquier, s’y installant définitivement que vers le XVe. La char arabe rukh fut traduit en latin par rochus, puis roc en français, se calquant sur le mot italien rocca, désignant une forteresse. « Comment la tour s’est-elle imposée ? Sans doute grâce à l’esthétique stylisée des pièces arabes et persanes. Ainsi, les deux pointes profilées en arc de cercle du rukh arabo-persan ont-elles été considérées comme une tour crénelée. Enfin l’anglicisme rook signifiant château, elle prend rapidement la forme d’une tour outre-Manche. Les quatre tours d’angle sont adoptées au XIVe siècle, symboles à la fois du donjon féodal et du mur d’enceinte de la villeneuve  médiévale.² »

Le messager est une pièce d’une variante des échecs, apparut vers 1200, où chaque joueur dirigeait 24 pièces. Les messagers furent la réelle nouveauté de ce jeu et lui donnèrent d’ailleurs son nom, préfigurant les Fous modernes. Ils se déplaçaient sur toutes les cases vides de toutes les diagonales, l’un de cases blanches, l’autre de cases noires. Les joueurs de l’époque n’étaient point accoutumés à visualiser les diagonales dans toute leur longueur et croyaient que cette pièce surprenante dépassait en force la Tour et donnèrent ainsi le nom de ce messager à ce jeu.

¹ Le berserker (en vieux norrois berserkr, pluriel berserkir) désigne un guerrier fauve qui entre dans une fureur sacrée berserksgangr, « marche, allure du guerrier fauve », le rendant surpuissant et capable des plus invraisemblables exploits. « Berserk » pourrait signifier « peau d’ours » (du vieux norrois ber särk : « chemise [en peau] d’ours »).
² Le jeu d’échecs, Bnf.

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