Archives par mot-clé : Culture

Le Quiz

Le roque existait-il à l’origine du jeu ?

13 bonnes réponses !

Nés en Inde, au VIe siècle, les Échecs (ou chatarunga) firent leur apparition en Europe aux alentours de l’an mille, rapportés de Perse par les Seigneurs arabes d’Espagne et sans doute également par les Croisés à leur retour d’Orient. Au fil des siècles, les pièces et les règles ont évolué. Depuis l’origine du jeu, le roi est la pièce principale, mais aussi la plus vulnérable : il se déplace d’une case seulement et ne peut pas se défendre. Le but du jeu est de l’empêcher de se déplacer, pour finalement le « mater », c’est-à-dire, étymologiquement dans le sens arabe, le mettre à mort. Au sens figuré, cette expression perse signifie plutôt « soumettre quelqu’un ». Au Moyen Age, le but n’est pas encore de faire « mat », mais plutôt de massacrer les pions de son adversaire : comme dans les combats réels, la stratégie n’est pas encore vraiment développée. On peut même dire qu’il n’existe pas de stratégie du jeu au moyen-âge. Les parties se présentent comme un combat féodal. Ce n’est qu’au XVIIIe siècle, sous l’influence du Français Philidor, que les joueurs se poseront le problème du déroulement tactique qui rend les parties si passionnantes.

Achille dans sa tente – Histoire ancienne jusqu’à César. XIVe ou XVe siècle. BNF, Manuscrits*

La marche royale du monarque moyenâgeux est la même qu’aujourd’hui, Son Altesse s’avance d’un seul pas majestueux. Des règles régionales permettent au Roi ou à la Reine d’effectuer un saut à deux cases (sans prise) à leur premier mouvement. Le roque n’existe pas encore. C’est vers 1560, pour parer aux effets dévastateurs des pièces aux pouvoirs renforcés (la Reine et le Fou), que le roque est inventé et, progressivement, remplacera le saut initial du Roi ou de la Dame qui devient obsolète. Le Roi est l’une des deux seules pièces, avec le Cavalier, à avoir traversé les siècles sans que sa forme ou son déplacement n’aient été modifiés.

Le Roi médiéval de l’Île Lewis

*Les auteurs médiévaux ont convoqué des noms célèbres de l’Antiquité pour assurer au “plus noble des jeux” le prestige et la légitimité d’une grande ancienneté. Achille, Ulysse, Palamède, Xerxès, Aristote et le roi Salomon sont les plus couramment évoqués.

Le quiz

À la question : Préférez-vous une dame de plus aux Échecs ou dans la vie ?
Qui répondit : Ça dépend de la position !

Que deux bonnes réponses

À la question :
Préférez-vous une dame de plus aux Échecs ou dans la vie ?
Ça dépend de la position  ! » répond Boris Spassky, nouvellement marié.
Puis commentant son récent divorce :
Nous étions comme deux fous de couleur opposée.

Le latin lover de Capablanca, amateur des jolies femmes, aurait pu tout à fait penser une telle chose, mais les codes de la bienséance de l’entre-deux-guerres le lui auraient sans doute interdit devant des journalistes. Quant à notre MVL national, quelque peu emprunté au cours d’une interview, on l’imagine mal lancer une telle blague. Elle est bien du débonnaire et sympathique Spassky.

Le Quiz

À l’origine, que représentait le fou dans le jeu indien : un conseiller, un éléphant ou un prêtre ?

9 bonnes réponses donc ½ point.

Un éléphant sur un fil : étonnante marche de cet éléphant, élément indispensable de l’armée indienne antique, vers notre fou moderne !

Cornac monté sur un éléphant sculpté sur une base ovale (hauteur : 4,7 centimètres), Ouzbékistan XI-XIIe siècle – British Museum

Le fīl (fyala, afyāl), ou l’Éléphant du jeu indien, se déplaçait selon les diagonales, faisant un bond de deux cases à partir de sa case d’origine, que la case intermédiaire soit occupée ou vide. Le fīl capturait, comme notre cavalier aujourd’hui, la pièce qui se trouvait éventuellement sur la case d’arrivée. Son mouvement d’origine reste incertain. H.J.R. Murray dans son History of Chess considérait que le saut en diagonale à deux cases était sans doute le mouvement original, faisant alors de l’éléphant et du vizir les pièces les plus faibles du jeu, raison principale, selon lui,  des changements qui rendirent l’alfil et le ferz (devenant respectivement le fou et la reine) plus forts dans les échecs modernes à la Renaissance. Les Éléphants droits et gauches étaient distingués comme aujourd’hui nos Fous et Cavaliers : fīl ash-shāh et fīl al-firzān, l’éléphant du Roi (shāh) et du conseiller (firzān).

Quand les échecs arrivèrent en Perse, le nom sanscrit fut traduit en pil. Les musulmans, pour convenir à la phonologie arabe, le transformèrent en fil et alfil (en préfixant l’article défini arabe al). De nombreuses pièces d’échecs médiévales furent retrouvées en divers endroits d’Europe. Elles sont, au départ, abstraites, de l’époque carolingienne et romane, du Xe au milieu du XIIIe siècle, inspirées alors des musulmans dont la religion n’encourageait pas la représentation d’êtres vivants. Sans interdire le jeu, les autorités religieuses islamiques intimaient l’ordre aux artisans de fabriquer des pièces abstraites.

C’est ainsi que le jeu est introduit en Occident, les musulmans travaillant pour des commandes européennes. Ces modèles furent ensuite copiés par les artisans européens pendant des décennies avant de s’affranchir de cette influence. « Lorsque l’Islam transmet le jeu d’échecs aux Occidentaux vers le milieu ou la fin du Xe siècle, écrit Michel Pastoureau, ces derniers ne savent pas jouer. Non seulement, ils ne savent pas jouer, mais, lorsqu’ils essayent d’apprendre, ils sont déroutés par les principes du jeu, par la nature et la marche des pièces, par l’opposition des couleurs (camp rouge contre camp noir) et même par la structure de l’échiquier : soixante-quatre cases, cela ne représente rien, ou peu de chose dans la symbolique chrétienne des nombres. Les échecs sont un jeu oriental, né en Inde, transformé en Perse, remodelé par la culture arabe. Mis à part sa parenté symbolique avec l’art militaire, tout ou presque y est étranger aux chrétiens. Il faut donc pour assimiler ce jeu nouveau le repenser en profondeur, l’adapter aux mentalités occidentales, lui redonner une image plus conforme aux structures de la société féodale¹. »

Alfil 9 cm, Pays islamiques de l’Ouest VIIIe – Xe

Les Alfil, les éléphants : alphini, aufin deviennent les fous ou les évêques episcopi outre manche. Les deux protubérances pointues, évoquant les défenses de l’animal dans le jeu arabe, furent comprises par les occidentaux comme la mitre cornue d’un évêque, ou bien comme le bonnet d’un bouffon.

¹ Michel Pastoureau, Le Roi du jeu d’échecs (Xe – XIVe siècle).

Le Quiz

Quand Garry Kasparov perdit contre Deep Blue : 1996, 1997 ou 1998 ?

Cinq bonnes réponses sur huit. Kasparov affronta le supercalculateur IBM américain, Deep Blue, en deux matchs. Le premier se déroula à Philadelphie en février 1996, remporté par Garry Kasparov sur le score de 4 points à 2. Le match revanche en six parties eut lieu à New York en mai 1997 et fut remporté par Deep Blue, surnommé « Deeper Blue » à cette occasion, sur le score de 3,5 points à 2,5. Deeper Blue mesurait 1,80 m et pesait 1,4 tonnes. Il fallait vingt personnes pour son fonctionnement. En juin 1997, il occupait la 259e place au TOP 500 des supercalculateurs. Garry, vexé, contesta cette victoire, arguant que Deep Blue avait accès à toutes ses parties, alors que lui n’avait pas accès aux parties jouées par l’ordinateur.

« Sur le moment, j’étais dévasté. On est toujours triste, déçu, fâché de perdre. Mais, avec un peu de recul, j’ai entrevu les opportunités qui s’ouvraient. J’ai compris que ma défaite était d’abord une victoire pour le genre humain. »

UNE RÉFLEXION SUR « LE QUIZ »

  1. Faut il rappeler que le lendemain de la défaite de Kasparov, l’action IBM avait fait un bond au New York Stock Exchange. Cebalo, IBM devait conclure un important contrat avec l’Arabie saoudite à cette époque.

Le Quiz

Qu’est-ce que le jeu de la Dame enragée :

Bravo aux 2 érudits pour leur bonne réponse. La question n’était pas simple.
Il fallait connaître ce moment clé de l’histoire du jeu, fondateur de nos Échecs modernes.

À l’origine, le déplacement de la reine, avatar européen du conseiller oriental (Farzin ou Vizir), était limité à une seule case en diagonale. Nous nous trouvons à la fin du XVe siècle, au moment où la dame devient selon l’expression consacrée « enragée », à une époque charnière de l’histoire des échecs. Étonnante expression utilisée dès l’origine, dès qu’elle fut capable de traverser toutes les cases libres de ses lignes en devenant la pièce la plus puissante de son camp. Enragé avait-il alors le même sens qu’aujourd’hui ? Il était alors employé au sens de passionnée, frénétique, impatiente. « Notre dame enragée aux échecs est de cette qualité. Elle guerroie ; l’amour courtois devient amour combattant […] La reine des Échecs passe de l’état de dame réservée à celui de dame passionnée.¹ »

Dans les deux dernières décennies du XIVe, le jeu d’échecs connaît une transformation profonde. L’esprit même du jeu a changé. À son introduction en occident, vers l’an mille, il est une activité aristocratique, presque un rituel (amoureux parfois) d’une lenteur cérémonielle qui s’accorde bien avec la vie des classes aisées. Une noble dame joue quelques coups avec un beau chevalier, laissant là l’échiquier pour un festin. Ils y reviennent le lendemain pour quelques coups encore, passant peut-être rapidement à de plus doux combats. Puis c’est une chasse ou un bal…

Livre d’heure de Maastricht, f141r, 1er quart du XIVe siècle – The British Library

Mais tout cela paraît bien long et ennuyeux pour l’homme de cette fin du XIV. De nombreux coups sont nécessaires pour que les forces ennemies entrent en contact au centre de l’échiquier. Ce jeu renouvelé est actif, dynamique et il faut d’emblée tenir compte des coups de l’adversaire. Avec cette Dame qui parcourt l’échiquier à grandes enjambées, pas question de penser à la bagatelle. Le mat qui rôde vous amoindrit la résolution amoureuse.

L’autre changement notable dans ces nouveaux échecs concerne le fou (l’évêque dans les pays anglo-saxons). Lui aussi peut à présent se déplacer sur n’importe quelle case, tant que le chemin en diagonal est dégagé. Il y aura fallu cinq cents ans pour que la reine et le fou puissent arriver à ce niveau de force. Et donner à la reine et au fou une plus grande force tactique sur l’échiquier, reflet du monde réel, c’était reconnaître leurs formidables positions dans la vraie vie.

D’autre part, l’art de la guerre est bouleversé par la généralisation de l’usage des armes à feu, c’est notamment à partir de ce moment-là que la reine et le fou acquièrent la possibilité de traverser tout l’échiquier, à l’image de ces nouvelles armes meurtrières à longue portée. L’histoire des échecs semble ainsi refléter l’histoire de la guerre et, plus généralement, les composantes sociales du monde dans lequel on joue.

¹ Jean-Marie Lhôte – Martin Le Franc et la dame enragée.

Le Quiz

« Soudain, il ressentit une douleur cuisante, bien qu’elle n’affectât pas son être véritable, et il poussa un grand cri en secouant sa main mordue par la flamme d’une allumette qu’il avait frottée en oubliant de l’approcher de sa cigarette. La douleur se calma aussitôt, mais dans le jaillissement de la flamme, il avait entrevu quelque chose d’effrayant et d’insupportable. Il prit conscience des abîmes affreux où le plongeaient les échecs, jeta, malgré lui, un nouveau regard sur l’échiquier — et sa pensée s’alourdit sous le poids d’une fatigue qu’elle ne connaissait pas. Cependant les échecs étaient sans pitié, il était leur prisonnier et aspiré par eux. Horreur, mais aussi harmonie suprême : qu’y avait-il en effet au monde en dehors des échecs ? Le brouillard, l’inconnu, le non-être… Soudain, il s’aperçut que Turati n’était plus assis, mais se tenait debout, les mains derrière le dos. “Partie interrompue, maître, dit une voix derrière lui. Notez votre coup.
— Non, non, encore, supplia-t-il, cherchant du regard celui qui avait parlé.
— Partie interrompue “, répéta derrière lui la même voix, une voix frétillante. Il voulut se lever et n’y parvint pas. Il s’aperçut alors qu’il venait de reculer, sans quitter sa chaise, et que des inconnus s’étaient rués, féroces, vers l’échiquier, cet échiquier où, tout à l’heure encore, était concentrée toute sa vie, et qu’ils se disputaient et hurlaient en déplaçant vivement les pièces. »

2 bonnes réponses sur 7

Qui est-ce :

Louijine, joueur prodige, maniaque, marginal, obsédé par le jeu, déshumanisé, il finit par sombrer dans une démence et se suicide, devenu incapable de distinguer le monde réel de celui de l’échiquier.

Si M. B, le personnage de Zweig, s’enferme volontairement dans cette cellule capitonnée en noir et blanc du jeu, c’est bien plutôt pour échapper, au risque de se perdre, à la folie nazie et au suicide, mais il se rattrapera in extremis au bord de l’échiquier pour revenir dans la réalité. Le mythe du joueur fou, qui articule folie et génie, est illustré par le héros de Nabokov, Louijine. Il utilise, lui, le jeu pour tenter de surmonter sa propre folie, n’existant qu’au travers le mouvement et la vie des pièces qu’il superpose à la vie qui l’effraie, jusqu’à la recouvrir. Cela fonctionne… un certain temps. Quand Loujine n’est plus qu’un pion devant un adversaire invisible dont il ne comprend plus les coups, il se suicide pour ne pas être échec et mat.

Couverture de la première édition de La Défense Loujine

L’histoire d’un joueur d’échecs écrasé par son propre génie. « De tous mes livres russes, La défense Loujine, écrit Vladimir Nabokov, est celui qui contient et dégage la plus grande “chaleur” – ce qui peut paraître curieux, sachant à quel suprême degré d’abstraction les échecs sont supposés se situer. En fait, Loujine a paru sympathique même aux gens qui ne comprennent rien aux échecs et/ou détestent tous mes autres livres. Il est fruste, sale, laid – mais comme ma jeune fille de bonne famille (charmante demoiselle elle-même) le remarque si vite, il y a quelque chose en lui qui transcende aussi bien la rudesse de sa peau grise que la stérilité de son génie abscons. »

Le Quiz

Quand fut créée l’appellation « grand maître international » : 1838, 1914 ou 1950 ?

10 bonnes réponses sur 11 !

L’expression grand-maître fut utilisée pour la première fois en 1838. Le terme réapparaît en 1907, au cours d’un tournoi à Ostende, comportant plusieurs sections dont un « tournoi de maîtres », avec trente participants, remporté par Ossip Bernstein et un « tournoi de grands-maîtres » (Großmeister en allemand), réservé selon Bernstein aux joueurs ayant remporté plusieurs tournois internationaux. L’appellation resurgit en 1914, en Russie, pour mettre en valeur les meilleurs joueurs d’échecs de l’époque. Dans ses mémoires My Fifty Years of Chess, Frank Marshall écrit en 1942 : « C’est dans ce tournoi que le Tsar, Nicolas II, conféra aux cinq finalistes (Emanuel Lasker vainqueur du tournoi, José Raúl Capablanca, Alexandre Alekhine, Siegbert Tarrasch et Frank Marshalll) le titre Grand maître des échecs. » De son côté, la fédération soviétique créée le titre de grand-maître soviétique dans les années Trente.

La FIDE officialise en 1950 en créant le titre de grand maître international du jeu d’échecs, l’octroyant à 27 joueur. À part le titre de champion du monde, « grand maître » est la plus haute distinction qu’un joueur puisse obtenir. Je n’ai pas trouvé leurs nombres aujourd’hui, sans doute tout juste 2000 dans le monde. En mars 2010, ils étaient 1235. Au 1er avril 2020, la France comptabilisait 50 GMI, et notre club peut enorgueillir d’en compter un parmi ses membres : Alexeï  CHARNUSHEVICH ! Sans doute bien des clubs peuvent se targuer d’aligner des GMI mercenaires, changeant au gré des saisons, dans leur équipe. Mais nous, nous pouvons dire : nous avons un tépégiste GMI !

Le Quiz

Depuis quand le classement elo est-il utilisé par la FIDE : 1960, 1970 ou  1978 ?

Aucune bonne réponse !

Que se soit sur le ring, un terrain de foot ou autour d’un échiquier, un match détermine le meilleur à un instant T. Mais comment intégrer ces résultats isolés dans un classement global ? Les fédérations sportives utilisent une multitude de systèmes différents. L’univers rationné des échecs adopta, dans les années 1970, le classement elo. Elo n’est pas un acronyme, mais la méthode de l’Américain d’origine hongroise Arpad Elo (1903-1992). Bien que le jeu n’était pour lui qu’un loisir, Arpad Elo a remporté huit fois le championnat de l’État du Wisconsin, et annula à deux reprises face à Reuben Fine, à l’époque l’un des meilleurs joueurs du monde. Cependant, il est principalement connu dans le monde des échecs pour son classement Elo, qui hiérarchise de manière scientifique les performances des joueurs d’échecs. Initialement développé par Kenneth Harkness dans les années 1950, Arpad Elo améliore la méthode en 1960, validée par la fédération américaine la même année. Elle est adoptée par la FIDE en 1970. Arpad Elo décrit son travail dans son livre The Rating of Chessplayers, Past and Present, publié en 1978.

Magnus Carlsen a grimpé jusqu’à 2 882 points en mai 2014, le plus haut score jamais atteint. Est-il pour autant le meilleur joueur de l’histoire ? « La méthode Elo est basée sur l’idée que les points évoluent en fonction du résultat d’une partie et du classement de l’adversaire, explique Jean-Marc Alliot de l’Institut de recherche en informatique de Toulouse. Elle marche très bien, mais ne prend pas en compte la qualité des coups. On peut parfaitement gagner en jouant mal, à condition que votre challenger joue encore plus mal. » Jean-Marc Alliot propose donc de classer les joueurs selon la qualité de l’ensemble de leurs coups. s’appuyant sur un maître d’un genre particulier : Stockfish. « Le système Elo est perfectible, mais il est stable depuis longtemps, simple à mettre en œuvre et fonctionnel, avoue Jean-Marc Alliot. Il faudrait présenter des avantages importants aux fédérations pour qu’elles changent de paradigme et modifient leurs classements. Un système comme le mien nécessite encore de nombreuses vérifications et certainement des améliorations. L’augmentation des puissances de calcul devrait cependant permettre de le généraliser à tous les joueurs et de concurrencer le système Elo. »

Le Quiz

Qu’est-ce que le Zugzwang :

1. être obligé de jouer ?
2. il n’y a plus qu’un seul coup jouable ?
3. placer une pièce devant un pion adverse de façon à bloquer son avance ?

Six bonnes réponses sur 12, donc ½ point ! La nuance peut paraître subtile, mais elle existent entre zugzwang et coup forcé :


Le zugzwang est un désavantage, le seul fait d’avoir à jouer, entraînant la perte de la partie quelque soit le coup. Le camp en zugzwang n’affaiblirait pas sa position s’il avait le droit de ne pas jouer. Le fait d’avoir le trait constitue alors un désavantage. Plusieurs coups sont éventuellement possibles, mais seront tous défavorables. Plus fréquent en finale, le zugzwang peut également se produire en milieu de partie. Il vient de l’allemand zug, se déplacer, et zwang, contrainte.

Plus que tout autre joueur, Nimzowitsch excellait dans l’art de conduire son adversaire au zugzwang. Voici son Immortel Zugzwang contre Friedrich Sämisch. Cette partie fut appelée ainsi en raison du remarquable dernier coup : 25. h6. Nimzovisch ne fut cependant pas satisfait de sa victoire. Il estima que son adversaire n’était pas au mieux de sa forme et il dut être persuadé par ses éditeurs pour inclure cette partie dans son livre Die Blockade et quand il accepta, ce fut avec des excuses à son cher collègue.


Un coup forcé est un coup obligatoire si l’on ne veut pas perdre. Par exemple la prise d’une pièce, oblige habituellement à reprendre. Les combinaisons sont principalement basées sur des coups forcés : échecs, échanges de pièces, protection de pièces entraînants une variante forcée.


L’une des parties les plus extraordinaires jouée par Tal fut sa victoire contre le maître suisse Dieter Keller au tournoi de Zurich 1959. Trouverez-vous le coup de baguette final du magicien de Riga ?


Le blocus, c’est placé une pièce devant un pion adverse de façon à bloquer son avance. Le pion ennemi fournit un abri à la pièce qui la bloque, le protégeant ainsi des attaques de pièces ennemies. Un blocus est plus efficace contre les pions passés ou isolés. Le cavalier est la pièce idéale à utiliser comme bloqueur.

Le Quiz

Quel grand champion était si pauvre dans sa jeunesse qu’il devait partager sa culotte avec son frère et ne sortait dans la rue qu’à tour de rôle : Wilhelm Steinitz, Emanuel Lasker ou Bobby Fischer ?

Une seule bonne réponse sur cinq. Quatre ont choisi Steinitz qui, il est vrai, toute sa vie a tiré le diable par la queue.  Emanuel Lasker est né dans la province prussienne de Brandebourg dans une famille juive. Son père, Adolf Lasker, chantre à la synagogue, dirigeait les prières liturgiques et les chants. Emanuel et son frère aîné Berthold sont envoyés à l’école à Berlin alors qu’il n’a que onze ans. C’est Berthold, étudiant à la faculté de médecine, qui lui apprend à jouer. Lasker, se faisait un peu d’argent en jouant aux Échecs dans les cafés locaux. Les parents d’Emanuel, inquiets de le voir consacrer tant de temps au jeu et pas assez à son travail scolaire, demandent à Berthold de lui trouver une école. Ironie, le directeur de cette nouvelle école n’était autre que le président du club d’Échecs de la ville et le professeur de mathématiques était le champion d’Échecs local, dire que le jeune Lasker se trouva dans son élément. Emanuel continua de montrer des talents remarquables à la fois pour les mathématiques et les Échecs.