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Le Quiz

Quand Garry Kasparov perdit contre Deep Blue : 1996, 1997 ou 1998 ?

Cinq bonnes réponses sur huit. Kasparov affronta le supercalculateur IBM américain, Deep Blue, en deux matchs. Le premier se déroula à Philadelphie en février 1996, remporté par Garry Kasparov sur le score de 4 points à 2. Le match revanche en six parties eut lieu à New York en mai 1997 et fut remporté par Deep Blue, surnommé « Deeper Blue » à cette occasion, sur le score de 3,5 points à 2,5. Deeper Blue mesurait 1,80 m et pesait 1,4 tonnes. Il fallait vingt personnes pour son fonctionnement. En juin 1997, il occupait la 259e place au TOP 500 des supercalculateurs. Garry, vexé, contesta cette victoire, arguant que Deep Blue avait accès à toutes ses parties, alors que lui n’avait pas accès aux parties jouées par l’ordinateur.

« Sur le moment, j’étais dévasté. On est toujours triste, déçu, fâché de perdre. Mais, avec un peu de recul, j’ai entrevu les opportunités qui s’ouvraient. J’ai compris que ma défaite était d’abord une victoire pour le genre humain. »

UNE RÉFLEXION SUR « LE QUIZ »

  1. Faut il rappeler que le lendemain de la défaite de Kasparov, l’action IBM avait fait un bond au New York Stock Exchange. Cebalo, IBM devait conclure un important contrat avec l’Arabie saoudite à cette époque.

Anti-Virus Blitz VI Samedi 2 mai 15 h

UNE RÉFLEXION SUR « ANTI-VIRUS BLITZ VI SAMEDI 2 MAI 15 H »

  1. Avec plaisir, même si je ne pense pas faire aussi bien que Keyser007. Au moins ça procurera le plaisir, peut-être, à certains de me battre. Mais c’est avec plaisir que j’essaierai l’expérience, quitte à me prendre pleins de bulles.
    PS : si toutefois les forts joueurs de notre club sont disponibles. (Quentin, Alexeï, Michou, …) sont disponibles je laisse ma place.

Le Quiz

Qu’est-ce que le jeu de la Dame enragée :

Bravo aux 2 érudits pour leur bonne réponse. La question n’était pas simple.
Il fallait connaître ce moment clé de l’histoire du jeu, fondateur de nos Échecs modernes.

À l’origine, le déplacement de la reine, avatar européen du conseiller oriental (Farzin ou Vizir), était limité à une seule case en diagonale. Nous nous trouvons à la fin du XVe siècle, au moment où la dame devient selon l’expression consacrée « enragée », à une époque charnière de l’histoire des échecs. Étonnante expression utilisée dès l’origine, dès qu’elle fut capable de traverser toutes les cases libres de ses lignes en devenant la pièce la plus puissante de son camp. Enragé avait-il alors le même sens qu’aujourd’hui ? Il était alors employé au sens de passionnée, frénétique, impatiente. « Notre dame enragée aux échecs est de cette qualité. Elle guerroie ; l’amour courtois devient amour combattant […] La reine des Échecs passe de l’état de dame réservée à celui de dame passionnée.¹ »

Dans les deux dernières décennies du XIVe, le jeu d’échecs connaît une transformation profonde. L’esprit même du jeu a changé. À son introduction en occident, vers l’an mille, il est une activité aristocratique, presque un rituel (amoureux parfois) d’une lenteur cérémonielle qui s’accorde bien avec la vie des classes aisées. Une noble dame joue quelques coups avec un beau chevalier, laissant là l’échiquier pour un festin. Ils y reviennent le lendemain pour quelques coups encore, passant peut-être rapidement à de plus doux combats. Puis c’est une chasse ou un bal…

Livre d’heure de Maastricht, f141r, 1er quart du XIVe siècle – The British Library

Mais tout cela paraît bien long et ennuyeux pour l’homme de cette fin du XIV. De nombreux coups sont nécessaires pour que les forces ennemies entrent en contact au centre de l’échiquier. Ce jeu renouvelé est actif, dynamique et il faut d’emblée tenir compte des coups de l’adversaire. Avec cette Dame qui parcourt l’échiquier à grandes enjambées, pas question de penser à la bagatelle. Le mat qui rôde vous amoindrit la résolution amoureuse.

L’autre changement notable dans ces nouveaux échecs concerne le fou (l’évêque dans les pays anglo-saxons). Lui aussi peut à présent se déplacer sur n’importe quelle case, tant que le chemin en diagonal est dégagé. Il y aura fallu cinq cents ans pour que la reine et le fou puissent arriver à ce niveau de force. Et donner à la reine et au fou une plus grande force tactique sur l’échiquier, reflet du monde réel, c’était reconnaître leurs formidables positions dans la vraie vie.

D’autre part, l’art de la guerre est bouleversé par la généralisation de l’usage des armes à feu, c’est notamment à partir de ce moment-là que la reine et le fou acquièrent la possibilité de traverser tout l’échiquier, à l’image de ces nouvelles armes meurtrières à longue portée. L’histoire des échecs semble ainsi refléter l’histoire de la guerre et, plus généralement, les composantes sociales du monde dans lequel on joue.

¹ Jean-Marie Lhôte – Martin Le Franc et la dame enragée.

Le Quiz

« Soudain, il ressentit une douleur cuisante, bien qu’elle n’affectât pas son être véritable, et il poussa un grand cri en secouant sa main mordue par la flamme d’une allumette qu’il avait frottée en oubliant de l’approcher de sa cigarette. La douleur se calma aussitôt, mais dans le jaillissement de la flamme, il avait entrevu quelque chose d’effrayant et d’insupportable. Il prit conscience des abîmes affreux où le plongeaient les échecs, jeta, malgré lui, un nouveau regard sur l’échiquier — et sa pensée s’alourdit sous le poids d’une fatigue qu’elle ne connaissait pas. Cependant les échecs étaient sans pitié, il était leur prisonnier et aspiré par eux. Horreur, mais aussi harmonie suprême : qu’y avait-il en effet au monde en dehors des échecs ? Le brouillard, l’inconnu, le non-être… Soudain, il s’aperçut que Turati n’était plus assis, mais se tenait debout, les mains derrière le dos. “Partie interrompue, maître, dit une voix derrière lui. Notez votre coup.
— Non, non, encore, supplia-t-il, cherchant du regard celui qui avait parlé.
— Partie interrompue “, répéta derrière lui la même voix, une voix frétillante. Il voulut se lever et n’y parvint pas. Il s’aperçut alors qu’il venait de reculer, sans quitter sa chaise, et que des inconnus s’étaient rués, féroces, vers l’échiquier, cet échiquier où, tout à l’heure encore, était concentrée toute sa vie, et qu’ils se disputaient et hurlaient en déplaçant vivement les pièces. »

2 bonnes réponses sur 7

Qui est-ce :

Louijine, joueur prodige, maniaque, marginal, obsédé par le jeu, déshumanisé, il finit par sombrer dans une démence et se suicide, devenu incapable de distinguer le monde réel de celui de l’échiquier.

Si M. B, le personnage de Zweig, s’enferme volontairement dans cette cellule capitonnée en noir et blanc du jeu, c’est bien plutôt pour échapper, au risque de se perdre, à la folie nazie et au suicide, mais il se rattrapera in extremis au bord de l’échiquier pour revenir dans la réalité. Le mythe du joueur fou, qui articule folie et génie, est illustré par le héros de Nabokov, Louijine. Il utilise, lui, le jeu pour tenter de surmonter sa propre folie, n’existant qu’au travers le mouvement et la vie des pièces qu’il superpose à la vie qui l’effraie, jusqu’à la recouvrir. Cela fonctionne… un certain temps. Quand Loujine n’est plus qu’un pion devant un adversaire invisible dont il ne comprend plus les coups, il se suicide pour ne pas être échec et mat.

Couverture de la première édition de La Défense Loujine

L’histoire d’un joueur d’échecs écrasé par son propre génie. « De tous mes livres russes, La défense Loujine, écrit Vladimir Nabokov, est celui qui contient et dégage la plus grande “chaleur” – ce qui peut paraître curieux, sachant à quel suprême degré d’abstraction les échecs sont supposés se situer. En fait, Loujine a paru sympathique même aux gens qui ne comprennent rien aux échecs et/ou détestent tous mes autres livres. Il est fruste, sale, laid – mais comme ma jeune fille de bonne famille (charmante demoiselle elle-même) le remarque si vite, il y a quelque chose en lui qui transcende aussi bien la rudesse de sa peau grise que la stérilité de son génie abscons. »