Benjamin est sans merci !

Quelques amis du club de Metz organisèrent, les 23 et 24 Mai, un marathon de blitz gratuit de 24 h, au profit de l’hôpital Mercy de Metz pour la lutte contre le COVID-19. Benjamin y participa et nous envoie ce joli coup tactique.

Les Noirs viennent de jouer Bf5. Que répondent les Blancs ?

Le Quiz

Jusqu’au milieu du XIIIe siècle, sur l’échiquier occidental, ne s’affrontent pas encore des pièces blanches et des pièces noires, comme c’est le cas dans le jeu d’échecs contemporain.

Quelles en étaient les couleurs  ?

Onze bonnes réponses !

« Elle ne fut pas étonnée le moins du monde de s’apercevoir que la Reine Rouge et la Reine Blanche étaient assises tout près d’elle, une de chaque côté. Elle aurait bien voulu leur demander comment elles étaient venues là, mais elle craignait que ce ne fût pas très poli. »

Lewis Carroll, À travers le miroir

Le choix des couples blanc-rouge et rouge-noir sont deux bonnes réponses. Blanc-rouge était peut-être plus précis, le rouge et le noir étant les couleurs venues d’Orient. Les deux systèmes de couleurs cohabitèrent sans doute pendant plusieurs siècles.

« Les Échecs, pour Kasparov, sont une jungle blanche et noire » et depuis fort longtemps, nous avançons, explorateurs intrépides ou timorés, sur ces chemins pavés de noirs  et de blancs, oublieux de ce temps où les pistes étaient à peine tracées. Venu d’Orient, l’échiquier n’était au bas Moyen Âge le plus souvent qu’une pièce de tissu monochrome, où de simples lignes délimitaient les soixante-quatre cases. C’est sous cette forme qu’il apparaît dans l’iconographie médiévale, en particulier dans le vitrail de la cathédrale Saint-Maurice de Tours (1255-1267), représentant la partie d’échecs des enfants de saint Eustache avec son échiquier de 4 x 5 cases, uniformément vert.

Hexagone 19, Légende de saint Eustache, Baie 214, Cathédrale saint-Gatien de Tours. Cliché  Jean-Yves Cordier (avec son aimable autorisation).

C’est dans les Vers d’Einsielden, le plus ancien texte occidental mentionnant les échecs (vers 990), que l’usage d’un échiquier bicolore rouge et blanc est évoqué. Sans doute, une innovation récente adoptée que par quelques joueurs seulement. Mais il est fort probable que, facilitant grandement le calcul des déplacements, cette pratique fut adoptée rapidement et se généralisa. Les représentations antérieures à 1200 confirment l’opposition rouge/blanc mise en évidence par Michel Pastoureau : « Jusqu’au milieu du XIIIe siècle, en effet, sur l’échiquier occidental ne s’affrontent pas encore des pièces blanches et des pièces noires, comme c’est le cas dans le jeu d’échecs contemporain, mais bien des pièces blanches et des pièces rouges. Cette opposition de couleurs n’était certes pas celle que l’Occident avait héritée de l’Islam. Dans le jeu indien puis musulman, s’affrontaient à l’origine — et s’affrontent encore aujourd’hui — un camp noir et un camp rouge, deux couleurs qui formaient un couple de contraires. Ici aussi, il a fallu repenser un aspect du jeu, et le repenser rapidement, car l’opposition du noir et du rouge, fortement signifiante aux Indes et en terre d’Islam, n’avait pour ainsi dire aucune signification dans la symbolique occidentale des couleurs. On transforma donc le camp noir en camp blanc, l’opposition du rouge et du blanc constituant pour la sensibilité chrétienne de l’époque féodale le couple de contraires le plus fort* ».

Codex Wilehalm de Wolfram von Eschenbach, 1334, University Library Kassel.

Ces enluminures illustrent l’évolution progressive des couleurs. Par rapport au modèle oriental, l’échiquier se colorise, mais les pièces gardent les couleurs (noir et rouge) des origines. Puis l’échiquier passe au noir et blanc et le camp noir devient blanc.

Cependant au blanc et rouge apparu aux environs de l’an mil, succéda progressivement, à partir du XIIIe siècle, l’opposition blanc/noir. « Car entre-temps, poursuit Michel Pastoureau, la couleur noire avait connu une promotion remarquable et, surtout, les théories d’Aristote sur la classification des couleurs s’étaient largement diffusées et faisaient du blanc et du noir deux pôles extrêmes de tous les systèmes. Vers le milieu du siècle suivant, sans avoir totalement disparu les pièces rouges étaient devenues rares : le jeu d’échecs était mûr pour entrer dans cet univers du noir et blanc qui caractérise la civilisation européenne à l’époque moderne* ».

Par ailleurs, l’usage de camps noir et blanc était traditionnel dans les jeux de plateau européens et particulièrement dans le nord avant même l’introduction des échecs, c’est donc naturellement que les couleurs orientales ont glissé vers notre noir et blanc.

Tractatus de ludo scacorum : Scacorum ludum ab Ulixe inuentum, entre 1400 et 1499 (Traité du jeu d’échecs – Le jeu d’échecs inventé par Ulysse), Biblioteca Digital Hispanica

« L’évolution vers l’actuel jeu en noir et blanc est sans doute moins linéaire que ne le proposait Michel Pastoureau, conclut Luc Bourgeois dans son article Les échecs médiévaux : jeu des élites, jeux de couleurs. Le contraste noir/blanc constitue une tradition ancienne pour les jeux de tables du nord de l’Europe, qui fut adaptée aux échecs après leur introduction dans ces régions. D’autre part, si le couple noir-blanc devint très majoritaire pour les échiquiers à partir du XIIIe siècle, le phénomène est moins prégnant pour les pièces, qui demeurent largement associées aux teintes traditionnelles — rouge et blanc/jaune — jusqu’à l’époque contemporaine », comme en témoignent, les premiers échiquiers Staunton victoriens et les reines rouge et blanche que notre jeune Alice craint de froisser. »

* L’échiquier de Charlemagne de Michel Pastoureau, 1990 – Editeur Adam Biro, Collection Un Sur Un

Le Quiz

Le système suisse ou système de tournoi suisse est couramment utilisé dans les compétitions d’échecs et dans d’autres jeux où les joueurs ou les équipes doivent s’affronter deux à deux. Le principe est que chaque joueur sera opposé à un adversaire qui a fait, jusqu’à présent, aussi bien (ou mal) que lui.

Quand fut-il utilisé pour la première fois : 1850, 1889 ou 1937 ?

Journal de Genève du mercredi 5 juin 1889

Deux bonnes réponses sur onze e type de tournoi fut utilisé la première fois lors du championnat de Suisse d’échecs à Zurich en juin 1889, d’où son nom de « système suisse ». Premier championnat de Suisse, avec 74 participants, il fut remporté sans défaite par Max Pestalozzi à égalité avec Artur Popławski, un étudiant polonais.

Un modérateur pour le forum

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Nous avons de nouveau un forum depuis quelques mois, mais malheureusement sans aucun modérateur et il me paraît délicat de le laisser ainsi à l’abandon, sans aucun regard sur ce qui peut s’y écrire. Intéressé par la fonction de modérateur ?   Il ne s’agira pas uniquement de modérer, mais aussi animer. Si personne ne veut s’en charger, je serai obligé de le limiter au covoiturage et à l’espace d’échange réservé aux membres du Comité Directeur. Un clic pour en discuter.

UNE RÉFLEXION SUR « UN MODÉRATEUR POUR LE FORUM »

Le Quiz

À la tête de la septième croisade vers la Terre sainte, il n’hésite pas à jeter par-dessus bord l’échiquier avec lequel jouaient ses frères.

Qui est-ce ?

Cinq bonnes réponses

Saint-Louis avait horreur des échecs. Lors de la septième croisade, au cours du trajet vers la Terre sainte, il jette par-dessus bord l’échiquier avec lequel jouaient ses frères. Ce n’est pas tant le jeu de guerre qu’il détestait, que le jeu de hasard, condamné par l’Église. Il pouvait encore se jouer avec des dés pour déterminer quelle pièce avancer.

Les Vœux du paon par Jacques de Longuyon – Parchemin 22,3 x 14 cm · France · vers 1310
Fondation Martin Bodmer, Cologny Suisse

Il fut un temps où notre jeu n’était point en odeur de sainteté au regard de l’église. En 1061, l’évêque de Florence, Michi, voyageant avec le cardinal Damiani, en fit les frais. Notre brave ecclésiastique, dans l’auberge où ils se sont arrêtés, passe la nuit à jouer dans la salle commune. Le sévère cardinal apprend par son palefrenier le lendemain matin que « l’évêque avait pris la tête aux échecs dans une vaste demeure au milieu de la foule des voyageurs en désordre ».

Aussitôt, le cardinal envoie une missive accusatrice au pape Alexandre II, reprochant à son collègue de s’être donné en spectacle et d’avoir joué aux dés.

— Les échecs (scacus) sont une chose, les dés (alea) une autre, se défend vainement le pauvre Michi.

Mais Damiani fourre dans le même sac les jeux de hasard et jeu de dés (alea) et les échecs (scacus). Il faut dire à sa décharge qu’il existait une confusion étymologique, notre échiquier actuel était alors désigné par le mot latin « tabula » et Isidore de Séville écrivit en 636, bien avant l’arrivée des Échecs en Europe : « Alea est tabula », amalgame des dés et du plateau de jeu. Et pour compliquer existait un jeu appelé « scacus », en français « dringuet, drinquet » ou « le Blanc ou noir », ce jeu médiéval où les adversaires lançaient les dés sur un plateau quadrillé de cases noires et blanches dans l’espoir qu’ils atteignent tous une case de même couleur pour empocher la mise. Scacus désignait à la fois le jeu d’échecs et le jeu de dés pratiqué sur l’échiquier. Et il existait un point de droit canon qui permettait de déposer les évêques ayant joué aux dés, mesure pour éviter le détournement par les joueurs de sommes d’argent destinées à la collectivité.

Il est vrai également qu’il existait alors deux manières de jouer aux échecs, avec ou sans dés. Dans le roman Huon de Bordeaux, Huon demande :
— Madame, quelle partie voulez-vous jouer ? Jouez-vous aux échecs avec les coups ou avec les dés ?
— Jouons le avec les coups, dit la dame d’une voix claire.

Pour s’affranchir de cet opprobre, les aristocrates abandonnèrent rapidement les dés, privilégiant la réflexion et la stratégie, mais il faudra attendre un siècle pour que l’interdiction soit levée et que les échecs soient admis, mais « sans dés, pour le seul amusement et sans espoir de gain ».

Le Quiz

= ! −/+ ⃞ ∞ ↻ ⊥ ⊞ ⊙ ∇ ⇄

Ce ne sont point là les hiéroglyphes découverts sur le tombeau d’un roi d’une civilisation perdue. Vous connaissez ces annotations symboliques qui, bien qu’elles ne fassent pas techniquement partie de la notation algébrique, sont fréquemment utilisées par les annotateurs, par exemple dans les publications Chess Informant et Encyclopaedia of Chess Openings, pour donner un commentaire évaluatif sur un coup ou une position.

Mais que signifie précisément « !? » :

12 bonnes réponses ! Vous êtes 8 à avoir choisi la définition la plus commune.

En fait, ce n’était pas vraiment une question, car toutes les réponses sont bonnes. Le « !? » est l’un des symboles les plus controversés. Différents livres en ont des définitions légèrement différentes. Parmi les définitions figurent « intéressant, mais peut-être pas le meilleur coup », « coup méritant attention », « coup entreprenant » et « coup risqué ». Habituellement, cela indique que le mouvement conduit à un jeu excitant ou sauvage et que le coup est probablement bon. Il est également souvent utilisé lorsqu’un joueur pose un piège rusé dans une position perdue. L’exemple typique d’une action recevant un « !? » sont celles impliquant des sacrifices spéculatifs ou des attaques dangereuses, mais qui pourraient s’avérer être stratégiquement déficients.

Andrew Soltis a appelé en plaisantant « !? » le symbole de l’annotateur paresseux qui trouve un mouvement intéressant mais ne veut pas se soucier de savoir s’il est bon ou mauvais.

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