Circonstances atténuantes

Le Progrès de la Côte-d’Or, 19 mai 1933

1933, nous ne sommes pas si loin de la naissance en 1929 de notre nonagénaire Tpg. En page 4 du Progrès de la Côte-d’Or du 19 mai 1933, une image indirecte et peu flatteuse, peut-être quelque peu partisane, de notre vielle dame par nos adversaires d’alors, le Cercle Dijonnais, dans ce style si réjouissant de ces époques-là. Pourrait-on imaginer aujourd’hui un tel article relatant une de nos équipées en Nationale I ?

Dimanche matin 7 courant, par une pluie battante, ils partaient dans les autos des amis Bril, Delavelle, Picard et Damidot. Des dames faisaient partie de l’expédition. Ils partaient pleins de confiance à Besançon pour disputer le match arrêté avec le Cercle d’Échecs de cette ville depuis un certain temps. Pour diverses raisons, ce match avait connu remise sur remise et les joueurs du Cercle Dijonnais tenaient d’autant plus à se mesurer à nouveau avec leurs partenaires de Besançon que ceux-ci leur avaient infligé deux défaites sévères. À des joueurs moins enthousiastes, il eût semblé que la victoire était impossible, étant donné la classe des Bisontins, mais l’émulation de certains avait entraîné les autres et de sérieux progrès avaient pu être constatés chez tous les membres du Cercle. Ceci explique la confiance en soi de chacun de nos joueurs locaux et ils ne s’étaient pas surestimés, puisque dimanche soir, ils rentraient ici en vainqueurs par 13 points contre 7 à Besançon. Il est toujours extrêmement délicat de se décerner des compliments et malséant de se glorifier d’une victoire. Cependant, n’ayant pas eu l’honneur de faire partie de la phalange des joueurs chargés de défendre les couleurs de Dijon, il m’est permis de manifester ma joie de cette victoire bien méritée et d’adresser toutes mes félicitations aux gagnants. Je ne ferai aucune distinction entre eux, bien que certains aient réglé leurs adversaires d’une façon magistrale, et je me contenterai simplement de plaindre ce pauvre ami Colomb, contraint de rester assis pendant dix heures en face d’un échiquier pour faire deux parties. Il en avait, de ce fait, perdu le boire et le manger. Dans la presse, le Cercle de Besançon plaide les circonstances atténuantes : manque d’entraînement, équipe dijonnaise très homogène avec un joueur de première force. Il est exact, Messieurs de Besançon, que jusqu’au dimanche 7 mai vous nous aviez battus et puisque vous estimez que la défaite est trop grande et qu’elle laisse supposer une différence de classe qui n’existe certainement pas — certainement est peut-être un peu ôsé — le Cercle Dijonnais d’Échec se fait un plaisir de vous offrir votre revanche dés que vous le désirerez — les meilleurs gagneront —. M. Picard pourra apporter sa pendule, elle sera utile, car notre ami Colomb n’est déjà pas si gras.

Voici la composition des équipes et le nombre de parties gagnées par chacun des joueurs :
Dijon : R. Colomb, 2 ; Hall, 2 ; Puype, 0 ; E. Colomb, 1 ; Switalsky, 1 ; Kulkès. 1 ; Reutemaiin, 2 ; Roudniclc, 1 ; Norgia, 2 ; Sirdey, 1. To tal : 13.
Besançon : Fraiberger, 0 ; Picard, 0, Schwartz, 2 ; Poincenot. 1 ; Bern. 1 ; Betts. 1 ; Reingervietz, 0 ; Weiss, 1 ; Charlier, 0 ; Farine, 1. Total : 7.