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Le Quiz

Quel est ce gambit ?

Le gambit porte le nom du capitaine de navire gallois William Davies Evans, le premier joueur à l’avoir pratiqué. La première partie connue avec le gambit est Evans-McDonnell, Londres, 1827, bien qu’un ordre de coups légèrement différent fut employé (1. e4 e5 2. Nf3 Nc6 3. Bc4 Bc5 4. 0-0 d6 et alors seulement 5. b4). Le gambit devint populaire peu après, et fut employé fréquemment lors du match entre McDonnell et La Bourdonnais de 1834. Des joueurs comme Adolf Anderssen, Paul Morphy et Mikhail Tchigorine le reprirent à leur compte. Il n’eut plus les faveurs au XXe siècle, bien que des joueurs tels que John Nunn et Jan Timman y aient eu recours à la fin des années 1970 et au début des années 1980. Dans les années 1990, Garry Kasparov en a fait usage dans quelques-unes de ses parties, notamment une victoire en 25 coups contre Viswanathan Anand à Riga en 1995, ce qui suscita un bref regain d’attention pour ce gambit.

Le Capitaine William Evans (1790 – 1872)

Ce qui est curieux dans cette histoire, c’est qu’Evans n’a jamais voulu jouer ce coup, l’avance de deux cases du pion du Cavalier de la Dame fut fortuite et non désirée par le capitaine ! Cette erreur donna, cependant, une des plus belles parties jamais jouées La Toujours JeuneThe Evergreen, d’Andersssen.

Les gambits étaient fort populaires à l’époque, car ils favorisaient l’initiative du joueur qui les mettait en jeu. Aujourd’hui, la théorie échiquéenne a rendu son verdict : face à un adversaire désarmé, un gambit est une arme redoutable, alors que face à un joueur aguerri, elle dessert le joueur qui l’utilise, lui procurant au mieux une nulle.


20 bonne réponses !

De 55,5 %, vous passez à 57,3 % de réussite globale, c’est-à-dire pour une question :
une majorité de bonnes réponses  = 1pt, ½  pt pour un ballotage et 0 pour une minorité.

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Le Quiz

Un camarade de classe de ce grand champion raconte : « Il était tellement absorbé par les Échecs que durant les classes, il pouvait se déconnecter complètement et ne plus savoir où il se trouvait. Je me souviens de notre classe d’algèbre. Tous les garçons étaient calmes. Soudain, il se leva avec enthousiasme, le visage radieux, les yeux brillants et écartant une mèche d’un geste qui lui était familier.

Eh bien ! Avez-vous résolu le problème ? lui demande le professeur.
Oui ! Je sacrifie le Cavalier et je joue le Fou et les Blancs gagnent !

La classe, comme vous pouvez l’imaginer, éclata de rire. »

Qui est-ce : Alexander Alekhine, Bobby Fischer ou Maxime Vachier-Lagrave ?

Alexander Alekhine, étudiant en droit

Georgy Rimsky-Korsakov, fils du célèbre compositeur russe rapporte cette anecdote sur son camarade de classe Alekhine.

Quant à Bobby Fischer, le divorce de ses parents, quand il eut deux ans, la disparition du père, l’absence de la mère, occupée à gagner la vie de la famille, l’achat par la sœur aînée d’un échiquier quand il a six ans, voilà le décor de cette enfance qui va permettre l’éclosion de cette monomanie échiquéenne. « Au collège, raconte un de ses condisciples, Bobby était toujours silencieux et peu intéressé par les cours. Il sortait un petit échiquier de poche et se mettait à jouer et quand le professeur le découvrait et lui disait :
Fischer, je ne peux pas t’obliger à écouter la leçon, ni t’empêcher de jouer, mais s’il te plaît laisse l’échiquier.
Bobby gentiment rangeait son échiquier et s’enfermait dans un silence glacial. Et nous savions tous et le professeur également qu’il continuait à jouer dans sa tête ». Dès lors, rien ne peut exister pour lui hormis les Échecs et quand le débonnaire Spassky à Rykjavik déclare : « les Échecs, c’est comme la vie », Fischer rétorqua véhément : « Non, les Échecs, c’est la vie ! »


9 bonne réponses, 10 pour Fischer et 4 pour MVL, mais la question était piégeuse, donc ½ point.

De 55,6 %, vous passez à 55,5 % de réussite globale, c’est-à-dire pour une question :
une majorité de bonnes réponses  = 1pt, ½  pt pour un ballotage et 0 pour une minorité.

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Le Quiz

« Je n’avais pas encore quatre ans, quand un jour, j’entrais dans le bureau de mon père et le vis joué avec un ami. Jamais auparavant, je n’avais vu une partie d’Échecs et les pièces attirèrent mon attention. Le jour suivant, je revins observer jouer mon père. Le troisième jour, mon père, qui était un débutant, déplaça son Cavalier d’une case blanche à une autre de la même couleur. Son adversaire, pas meilleur joueur, ne s’en aperçut pas. Mon père gagna la partie et je lui dis qu’il avait triché. C’est tout juste s’il ne me jeta pas hors de la pièce. Je lui fis remarquer ce qu’il avait fait. Mon père me demande ce que je connaissais des Échecs et je lui dis que je pouvais le vaincre. Il me répondit « Cela n’est pas possible, tu ne connais même pas le déplacement des pièces ». Nous jouâmes une partie et je la gagnai. Cela fut mon début. »

Qui est-ce : Paul Morphy, José Raúl Capablanca ou Garri Kasparov ?

Selon son oncle Ernest, personne ne montra jamais à Paul Morphy comment jouer aux échecs. Il en appréhenda les règles en observant pendant de longues heures le déroulement des parties qui se jouaient à la maison. Au cours de l’une d’elles, le jeune Paul affirme à son père qu’il aurait dû gagner. Le père et l’oncle, surpris, car ils ne croyaient pas l’enfant capable de déplacer les pièces, encore moins de connaître une once de stratégie échiquéenne, regardent ébahis le petit Paul replacer les pièces sur l’échiquier et prouver son affirmation. Après cet épisode, sa famille reconnaît son talent. Il le démontre en jouant dans différentes compétitions, ainsi que lors de réunions familiales, le dimanche. À l’âge de 9 ans, il est déjà considéré comme l’un des plus forts joueurs de La Nouvelle-Orléans. En 1846, le général Winfield Scott, passionné du jeu et quelque peu pénétré de sa valeur, visite la ville et désire affronter un fort joueur local pendant la soirée. Un échiquier est préparé et l’on présente au général son adversaire : le petit Paul ! Croyant à une blague de mauvais goût, l’arrogant général s’offusque. Il accepte, cependant, de jouer et Morphy le bat facilement à deux reprises. La seconde fois, Paul annonce un mat forcé en six coups. Ces deux défaites face à un enfant mortifient tant l’ego du général, qu’il refuse de continuer à jouer et se retire pour la nuit. Il n’affronta jamais plus Paul Morphy.

C’est en regardant ses parents résoudre des problèmes que le jeune Garik Weinstein, futur Garri Kasparov, apprend la marche des pièces. Son père, pourtant peu intéressé par le jeu, lui enseigne les principes, mais ce sont ses oncles, pendant la maladie paternelle, qui l’inscrivent au cercle d’échecs du Palais des pionniers de Bakou à sept ans et, à la fin de l’année, Garri atteindra le grade de joueur de troisième catégorie.

Mais c’est bien José Raúl Capablanca, l’enfant prodige, qui relate ainsi sa découverte des Échecs à l’âge de quatre ans. Dès ses jeunes années, sa force au jeu est remarquable. À huit ans, au club d’échecs de La Havane, il affronte les meilleurs joueurs du pays. À treize ans, en 1901, il remporte un match contre le champion de Cuba Juan Corzo y Príncipe.

José Raúl Capablanca à quatre ans jouant contre son père.

De 54,7 %, vous passez à 55,6 % de réussite globale, c’est-à-dire pour une question :
une majorité de bonnes réponses  = 1pt, ½  pt pour un ballotage et 0 pour une minorité.

Le camembert indique le % de bonnes et mauvaises réponses pour l’ensemble des questions et des tépégistes.

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Le quiz

L’éléphant, l’ancêtre de notre fou

Notre jeu, né dans le bassin indien, transitant par la Perse, balloté dans les fontes des conquérants arabes, parvint en Europe au pourtour de l’an mille. Quand les Échecs arrivent des lointaines contrées d’Orient, les Européens sont déroutés par ce jeu étrange et nouveau,  par ces principes,  « par la nature et la marche des pièces, par l’opposition des couleurs, écrit Michel Pastoureau, et même par la structure de l’échiquier¹ », ces soixante-quatre cases n’entrant pas dans la symbolique chrétienne des nombres. Le seul point d’accroche sera l’aspect militaire parlant pour l’imaginaire médiéval, violent et guerrier.  Pour assimiler ce jeu nouveau, il faudra le remodeler, l’adapter à la pensée féodale. Cette acculturation se fera lentement.

Un Cavalier, un Fou et une Reine dans le style arabo-persan.

À l’origine, les pièces représentent les éléments de l’armée indienne de manière figurative : la Tour (rukh) est le char de guerre, le Fou (fil), l’éléphanterie si importante dans l’armée indienne, la Reine (firz), proche du roi, en sera le conseiller. Seule la cavalerie, présente dans les armées européennes, restera (avec le roi) inchangé.

L’éléphant indien : à gauche de l’échiquier de Charlemagne, à droite du Musée de Bargelo.

Quand les échecs arrivèrent en Perse, le nom sanscrit fut traduit en pil. Les musulmans, pour convenir à la phonologie arabe, le transformèrent en alfil qui donnera notre éléphant. Son mouvement d’origine reste incertain. H.J.R. Murray dans son History of Chess considérait que le saut en diagonale à deux cases était sans doute le mouvement original, faisant alors de l’éléphant et du vizir les pièces les plus faibles du jeu, raison principale, selon lui,  des changements qui rendirent l’alfil et le ferz (devenant respectivement le fou et la reine) plus forts dans les échecs modernes à la Renaissance.

Un fou islamique (on reconnait bien la silhouette massive du pachyderme) et sa variante médiévale.

La loi coranique interdisant la représentation d’êtres vivants, dès le VIIIe, les personnages furent rapidement stylisés. L’éléphant fut représenté pas un cône surmonté de deux pointes sommitales stylisant les défenses de l’animal. En arrivant en Europe,  la pièce quitte le règne animal pour prendre un visage humain sous l’appellation latine peu claire d’alphinus, devenu « alphin » en français. Au XIIIe siècle, l’alphin prend l’équivalence d’un juge, assimilé à l’évêque outre-Manche, les défenses évoquant les cornes de la mitre de l’ecclésiastique médiéval. Peut-être déjà plus frondeur ou plus badin, le français identifie les ergots comme les pointes à clochettes du chapeau du fou, proche du souverain et, s’il n’est juge, il peut être son conseiller. Cette transition fut progressive et l’on reconnait encore dans la niche abritant son évêque, la forme de la pièce arabe.

L’évêque fut introduit sur l’échiquier européen au XIIe siècle, remplaçant l’éléphant de la tradition islamique. La substitution d’un homme d’église à un animal utilisé au combat peut sembler curieuse, mais les évêques médiévaux étaient aussi des combattants et maniaient l’épée aussi bien que le goupillon. À droite, la version guerrière du saint homme, entouré d’arbalétriers. À gauche, le voici dans sa fonction plus pacifique de prélat, avec ses attributs : la crosse et le livre saint.

¹ Michel Pastoureau, Le Jeu D’échecs Médiéval – Une Histoire Symbolique, Le Léopard d’Or 2012.


Abusés par les pointes évoquant les oreilles du canasson, vous n’êtes que 5 à avoir trouvé la bonne réponse.
Ce sont les défenses de l’éléphant, l’ancêtre du fou.

De 55,8 %, vous passez à 54,7 % de réussite globale, c’est-à-dire pour une question :
une majorité de bonnes réponses  = 1pt, ½  pt pour un ballotage et 0 pour une minorité.

Le camembert indique le % de bonnes et mauvaises réponses pour l’ensemble des questions et des tépégistes.

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L’argent n’a pas d’honneur…

Monsieur, l’avait un jour apostrophé un millionnaire, vous ne participez aux tournois que pour l’argent, alors que moi, je n’y viens que pour l’honneur !
Chacun joue pour ce qu’il n’a pas ! lui renvoya le champion du monde.

Qui est-ce : Wilhelm Steinitz, Emanuel Lasker ou Bobby Fischer ?

« La gloire, je l’ai déjà. Maintenant, j’ai besoin d’argent. » Wilhelm Steinitz

Nous savons que les Échecs ne nourrissent pas leur homme et de nombreux champions tirèrent le diable par la queue. Lasker, le successeur de Steinitz au titre, manqua toute sa vie cruellement d’argent. Dans sa jeunesse, avec son frère Berthold, il ne sortait dans la rue qu’à tour de rôle, car ils n’avaient qu’un seul pantalon correct pour deux ! Lasker se faisait un peu d’argent en jouant aux Échecs dans les cafés locaux. Les parents d’Emanuel, inquiets de le voir consacrer tant de temps au jeu et pas assez à son travail scolaire, demandent à Berthold de lui trouver une école. Ironie, le directeur de cette nouvelle école n’était autre que le président du club d’Échecs de la ville et le professeur de mathématiques était le champion d’Échecs local, dire que le jeune Lasker se trouva dans son élément.

Bobby Fischer traversa lui aussi des périodes de «  dèche » sévère. Un soir, Bobby, encore jeune et sans le sou, mais déjà champion des United States, passait devant le Chess and Checker Club de New York, où les habitués et les passants viennent jouer pour de l’argent. Col du manteau relevé, chapeau sur les yeux, il se présente incognito à l’entrée.

Psst, Franck ! interpelle-t-il Frank Brady, son ami et futur biographe, qui se trouvait là.
Bobby, qu’est-ce que tu traînes par ici ? lui demande Brady surpris.
Pris quelque peu au dépourvu par l’échec de son déguisement, Fischer timidement explique.
J’aimerais un peu de tunes pour aller au cinoche. Est-ce que tu peux me trouver une partie ?
Brady se retourne et crie à l’intérieur à l’intention de John Fursa, le propriétaire :
Ce mec veut jouer ! Tu peux lui arranger ça ?
Jetant un œil au travers de la pièce enfumée, Fursa répond :
Dis-lui que non ! C’est un gamin. Les hustlers* d’ici vont le bouffer tout cru !
Fischer dépité tourne les talons.
Brady révèle alors l’identité du gamin en question et un gémissement universel s’ensuivit.
Oh ! Mon Dieu ! dit un des joueurs, j’aurais payé des centaines de dollars juste pour m’asseoir en face de l’échiquier de Bobby Fischer…

* Joueurs d’Échecs pour de l’argent et souvent un peu arnaqueurs.

Le Quiz

Qui a dit :

« Contrairement aux autres jeux dans lesquels le lucre est la fin et le but, les échecs se recommandent au sage par le fait que ses batailles imitées ne sont pas menées pour un prix, mais pour l’honneur. C’est éminemment et définitivement le jeu du philosophe. »

Philidor, Paul Morphy ou Capablanca ?

C’est Paul Morphy, la fierté, le plus grand joueur d’échecs américain de tous les temps et le chagrin des Échecs¹,  par sa plongée dans la folie quand il arrêtera le jeu.

Reuben Fine, psychanalyste et joueur d’Échecs américain, auteur du célèbre Les Idées cachées dans les ouvertures d’échecs, évoque Paul Morphy : « Paul Morphy (1837-1884) attira l’attention des  psychiatres de la psychose de l’âge adulte. Il fit l’objet d’une étude de Ernest Jones. Né à la Nouvelle Orléans, le 22 juin 1837, son père était de souche espagnole irlandaise, sa mère d’origine française. À dix ans, il apprend à jouer avec son père et réussit, à douze, à battre son oncle paternel qui était alors le meilleur joueur de la Nouvelle  Orléans. Il se consacre à ses études jusqu’en 1857 et déménage à New York où il remporta facilement le premier prix dans la Ligue américaine.

Pour la première fois, l’année suivante, il se rend à Londres et à Paris, où vivent, à ce moment-là, les plus grands maîtres et défait tous ses rivaux, y compris Adolf Anderssen. Seul Staunton refuse de le rencontrer, malgré tous ses efforts pour organiser un match. Il retourne à la Nouvelle Orléans d’où il lance un défi mondial, concédant un avantage. Comme il n’obtient aucune réponse, il arrête là sa carrière qui n’aura duré que dix-huit mois, et seulement six mois d’exhibitions publiques. Après la retraite (à l’âge de vingt et un ans !), il exerce comme avocat — son père était juge —, mais sans succès. Peu à peu, il s’enferme dans un état d’isolement et d’excentricité qui aboutit à une forme de paranoïa incontestable. Il décède subitement à l’âge de 40 ans de congestion cérébrale, sans doute d’apoplexie, comme son père avant lui. »

¹ Pride and Sorrow of Chess, titre d’une biographie de P. Morphy par David Lawson.

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Le Quiz

L’âme des Échecs

« Mon but principal et de rendre recommandable par une nouveauté dont personne ne s’est avisé, où peut-être n’en a été capable ; c’est celle de bien jouer les pions. Ils sont l’âme des échecs, ce sont eux uniquement qui forme l’attaque et la défense, et de leur bon ou mauvais arrangement, dépend entièrement le gain ou la perte de la partie. »

         AUX ÉCHECS, IL FAUT GARDER…

                                 … la tête sur les épaules !

louis XVI échecs estampe
La procédure de destitution de Louis XVI, 1791 – Bnf

Louis XVI, qui, au jeu de la politique, ne sut pas garder la tête froide, joue sa dernière partie contre un garde nationale. Pour Marie-Antoinette, derrière le prélat, la partie fut belle. « Je vous ais porté malheur », avoue Élisabeth de France, la sœur du roi. Le dauphin et sa sœur se chamaille la couronne. Marie-Thérèse Charlotte de France, surnommée « Madame Royale », la fille aînée du roi, fut la seule à sauver sa tête dans cette partie d’échecs révolutionnaire. Notre bon roi n’a point écouté les sages préceptes de François-André Danican Philidor, pourtant d’actualité, il n’a pas sut jouer avec le peuple des petits pions .

Philidor met en scène innocemment sur l’échiquier, les idées politiques nouvelles qui émergent dans ce siècle des lumières, illustrant une fois de plus cette étrange symbiose entre ce jeu et la vie des hommes. La portée de la révolution introduite sur l’échiquier ne fut probablement pas clairement perçue par tous ses lecteurs, et le succès de l’ouvrage doit plus de son vivant aux larges victoires de son auteur sur ses rivaux européens qu’à la profondeur de ses conceptions. Mais c’est bien une transformation radicale des échecs qu’opère L’analyse du jeu des Échecs, et qui ne se limite pas au progrès qu’elle apporte dans le jeu. Dans ce jeu des élites politiques et militaires où, depuis le moyen-âge, les pièces figurent nobles et chevaliers et les pions, le petit peuple, il n’est pas illogique que dans cette perspective, personne ne s’avisa en effet, que les pions étaient l’âme autant sur l’échiquier que dans la vie d’une nation.


14 bonnes réponses sur 14 !
De 57,1 %, vous passez à 58 % de réussite globale, c’est-à-dire pour une question :
une majorité de bonnes réponses  = 1pt, ½  pt pour un ballotage et 0 pour une minorité.

Le camembert indique le % de bonnes et mauvaises réponses pour l’ensemble des questions et des tépégistes.

Le Quiz

Un champion du monde donne une simultanée. Il gagne rapidement la dame d’un de ses rivaux et la dépose sur le côté du jeu. Mais à peine le Grand Maître se penche sur l’échiquier voisin que l’adversaire peu scrupuleux la repose sur l’échiquier. Le jeu continue normalement et le gaillard se vante auprès des spectateurs que le génie n’a rien remarqué. Sept coups plus tard, le champion prend la dame à nouveau et, cette fois-ci, la met dans sa poche sans piper mot et passe au joueur suivant.

Que 2 bonnes réponses sur 19, mais il fallait connaître l’anecdote.

Le génial frappadingue Bobby avait une mémoire d’éléphant et ne pouvait guère oublier une dame gagnée ! Plus remarquable encore est le fait que Fischer se souvenait de ses blitz. À l’issue d’un championnat du monde de blitz à Hercegnovi (Yougoslavie) en 1970, Fischer jouait de mémoire et à toute allure ses vingt-deux parties (plus de 1000 coups) ! Et juste avant son match historique avec Taimanov, à Vancouver, en Colombie-Britannique, Fischer rencontrant le joueur russe Vasiukov, lui montra une partie de blitz qu’ils avaient joué à Moscou quinze ans auparavant.

Le Quiz

Le faire part de naissance de notre Reine apparaît dans un manuscrit latin conservé au monastère suisse d’Einsiedeln aux alentours de l’an Mille, le Versus de scachis, le plus ancien poème traitant du jeu des Échecs, décrivant les règles à l’identique du jeu arabe, sinon qu’il évoque la présence d’une Reine comme un fait accompli. Le changement le plus important survenu au cours de l’évolution du jeu fut sans doute l’introduction d’un élément féminin sur l’échiquier, la Reine à la fin du Moyen Âge.

Fesonas et Cassiel jouant aux Échecs vers 1345. Enluminure du manuscrit Les Vœux du paon.

Cette transformation de la figure masculine du vizir en Reine fut progressive. Étrange l’apparition de cette puissante Reine, seule femme de l’échiquier, dans ce jeu si guerrier apparu autour de 500 après J.-C., nous venant des terres perses et arabes où la femme ne jouissait pourtant guère de tant de pouvoir. C’est que notre Dame, comme toutes les dames du monde, a su se faire attendre. Dans les premiers siècles, le compagnon du Roi était ce vizir, conseiller qui gardait la tête basse devant son suzerain. Notre souveraine apparaît, car dans le même temps, hors de l’échiquier, comme le décrit Marilyn Yalom, universitaire américaine, dans son livre Birth of the Chess Queen, l’an mille voit le surgissement politique de femmes tel que Adélaïde de Bourgogne ou Theophano Skleraina. La promotion de la femme et le rôle politique de plus en plus grand de la reine au sein du couple royal ne pouvaient qu’entraîner cette mutation.

Nous utilisons indifféremment Reine ou Dame pour désigner la pièce maîtresse de notre jeux, mais…

Quel terme fut utilisé en premier : Dame ou Reine ?

8 bonnes réponses

Au XIVe siècle, reine (orthographiée en France roine ou royne à cette époque) remplaça progressivement fers, fierce et fierge et au XVe siècle, dame commença à prendre le relais. « Reine et dame étaient et sont encore traditionnellement attachées à la Vierge, comme dans Reine du Ciel et Notre-Dame, et les deux sont utilisées en français aujourd’hui pour la reine des échecs. En fait, dans de nombreuses langues européennes, le mot dame, intimement lié à la Vierge, est utilisé comme synonyme ou exclusivement pour la reine des échecs — par exemple, dama en espagnol, tchèque, bulgare et serbe.¹ » Mais pourquoi dans les pays anglo-saxons et germaniques, reine (Königin et queen) ont prévalu ?

Une reine nordique de Lewis et une dame française de Crèvecœur, toutes deux du XIIe siècle.

Au moment de la grande réforme du jeu, à la fin du XVe siècle, les pays catholiques continuèrent à utiliser les dérivés latin de domina, dame en France. Mais la réforme protestante en Allemagne et en Angleterre, voyant dans la dévotion à Marie de l’idolâtrie, refusa les dérivés de domina qui pouvaient suggérer un lien quelconque avec le culte suspect à la Vierge. Au lieu de cela, les protestants utilisèrent les termes laïques Königin et queen. « Cette différence terminologique entre catholiques et protestants est l’une des raisons pour laquelle la reine des échecs doit être vue comme un symbole de la Sainte-Mère, selon l’historien allemand Joachim Petzold. Il soutient que la reine des échecs est née dans un monde catholique, qu’elle a grandi en stature en même temps que la dévotion à la Vierge Marie, et qu’elle est devenue finalement la seule femme devant laquelle même le roi doit s’incliner.¹ »

¹ Marilyn Yalom, Birth of the Chess Queen (Harper Collins 2004).

Le Quiz

Quel est le nombre de parties possibles : 10 80 , 10 120le nombre précis est encore inconnu ?

Chaque partie est unique ! « Le jeu d’Échecs est une mare dans laquelle peut boire un moucheron et se noyer un éléphant », dit le proverbe chinois. Il existe sur l’échiquier plus de combinaisons possibles que d’atomes observables dans l’univers (estimé à 10 80). Cette mare se révèle être un océan aux infinies possibilités où de nombreux mathématicien se sont noyés. Dans les faits, il est presque impossible de donner un chiffre précis.

Dans les années 50, le mathématicien Claude Shannon, dans son article Programming a computer for playing chess, fit un rapide calcul pour déterminer les combinaisons de jeux possibles et arriva au nombre faramineux (connut maintenant comme le nombre de Shannon) de 10 120.  Ce nombre reste approximatif et, sans doute, loin de la vérité. Pour Shannon, à chaque point du jeu, 30 coups seraient possibles et, dans chaque partie, 80 coups légaux. Mais dans la réalité, nous savons que cela ne fonctionne pas ainsi, qu’une partie peut durer bien moins ou bien plus que 80 coups et qu’il existe dans le jeu une multitude de micro-coups, au début comme à la fin. Pour longtemps encore, notre échiquier restera un reflet de l’infini.