Voici ce que l’on pouvait lire dans le Monde Illustré du 9 avril 1887 : “Une nouvelle bien triste nous a été communiquée cette semaine. Le monde échiquéen vient de perdre un de ses membres les plus actifs, M. Bavaux, de Besançon. M. Bavaux, qui s’était signalé dès sa jeunesse par de grandes dispositions pour la peinture, avait été arrêté de bonne heure dans sa carrière d’artiste par une paralysie partielle. Les échecs devinrent alors sa principale distraction et il en avait fait une étude approfondie, ce dont on a pu juger par les parties vraiment remarquables que nous avons publiées ici même.
D’un charmant caractère et d’un commerce très agréable, il prenait le plus vif intérêt à nos luttes. Il avait organisé, de concert avec M. Clerc, alors conseiller à la cour de Besançon, un cercle d’échecs dans cette ville, et ce cercle est en ce moment un des plus florissants de la province.
Dernièrement, il s’était fait le promoteur d’un tournoi départemental pour lequel un prix a été accordé sur sa demande par M. le président de la République. En même temps qu’il présidait ce tournoi, il y prenait part comme champion et il en sera probablement le vainqueur posthume.
Puissions-nous, par notre hommage sympathique à la mémoire de cet homme de bien, adoucir les regrets de sa famille et de ses amis.”
S. Rosenthal
Il faut lire, bien sûr, Charles Bavoux, ce peintre franc-comtois et président de l’aïeule de notre Tpg, la Société des échecs de Besançon. Né à Villers-le-Lac le 27 janvier 1824 et mort à Besançon le 21 mars 1887, il fut d’abord élève de l’école de dessin de Besançon dès 1846, puis en devint professeur de 1852 à 1872. Entre temps, il fréquenta les Beaux Arts de Paris (atelier de Picot) et exposa aux Salons de Paris de 1857 à 1882. Son nom, écrit Maurice Thuriet dans son article de 1970, “apparaît pour la première fois officiellement dans la grande revue spécialisée de l’époque La Statégie à l’occasion de la formation au mois de juillet 1874 d’une « association française de joueurs d’échecs », dont le siège devait être naturellement à Paris. Ce n’est que 10 ans plus tard que Bavoux fait à nouveau parler de lui en organisant un tournoi national par correspondance, annoncé comme suit : Les amateurs d’échecs sont et seront reconnaissants à M. le Président de la République de la généreuse protection qu’il veut bien accorder aux échecs. Trois tournois nationaux ont déjà lieu à Paris sous son bienveillant patronage, mais comme les amateurs de province n’ont pu prendre part à ces luttes à cause du long séjour qu’ils auraient dû faire, M. Jules Grevy, sur la prière de M. Bavoux, Président honoraire de la Société des Échecs de Besançon, a bien voulu offrir un vase vénitien provenant de la manufacture de Sèvres, pour premier prix d’un tournoi d’échecs par correspondance entre les amateurs des départements français et algériens. Le tournoi débuta le 1er avril 1885 avec 14 concurrents. Il dura 2 ans et 9 mois. Bavoux devait gagner toutes les parties jouées, mais son décès survint avant que la coupe ne puisse lui être remise.”