Le club est fermé, mais…

… pas nos activités !

Nous le savons, un joueur d’échecs est quelque peu monomaniaque (dixit Stefan Zweig) et rien ne pourra jamais s’interposer entre lui et sa passion. Je ne sais plus quel prélat italien de l’histoire, alors que sa ville était en proie aux flammes et que ses serviteurs l’exhortaient à la fuite, poursuivit sereinement sa partie et mata bellement son adversaire. Virus, morosité, confinement. Que diable ! Rappelez-vous la jolie phrase de Pierre Mac Orlan : « Il y a plus d’aventures sur un échiquier que sur toutes les mers du monde. » Nous vous invitons donc à poursuivre nos aventures de mille et une façons que vous découvrirez ci-dessous :

Le Quiz

D’où vient l’expression échec et mat :

1. du sanskrit संस्कृतम् : le roi est décapité ?
2. du persan شاه مات  : le roi est étonné ?
3. de l’arabe الشاه مات  : le roi est mort ?

Bravo à celui qui a trouvé la réponse précise : «le roi est étonné » ! Un point tout de même, car la réponse majoritaire n’est pas fausse.

L’expression n’a pas toujours été employée. Elle apparut au cours de l’évolution des règles. Dans les versions originales du jeu pratiquées en Inde, le Roi pouvait être capturé comme toute autre pièce. Les Perses, trouvant cette manière de terminer le jeu peu élégante, développèrent la notion de mise en échec. Le Roi devenant intouchable, il fallait le menacer sans jamais pouvoir le prendre.

Étymologiquement, échec et mat vient vraisemblablement de l’arabe الشاه مات (aš-šāh māta), « le roi est mort », traduction erronée du persan شاه مات (šâh mât), « le roi est étonné » ou « surpris », avec le sens militaire d’être pris en embuscade ou d’« être confondu » ou de شاه ماند (šâh mând), « le roi resta », avec le sens d’« être abandonné ». Mat est le terme persan pour dire vaincu, impuissant ou paralysé. Des millions de joueurs pensent que « échec et mat » vient de l’expression arabe  al cheikh mat, le roi est mort. Mais le roi, la seule pièce à ne pas être trucidé sur l’échiquier, doit abdiquer, la partie perdue, vaincu semble donc avoir beaucoup plus de sens à ce sujet.


Notre ami Ali, à l’œil persan, précise : « Le sanskrit n’est pas une langue, mais une catégorie de langues, comme par exemple le Français, l’Allemand ou le Perse qui ont pour origine une catégorie qui est indo-européenne. L’arabe est d’origine sanskrit qui est effectivement une catégorie de langues et non pas une langue. »

Cependant, vérification faite dans le Dictionnaire de l’Académie française :

SANSCRIT, SANSCRITE (le deuxième s se fait entendre) nom et adjectif
XVIIe siècle. Emprunté du sanscrit samskr(i)ta, « parfait », c’est-à-dire respectant toutes les règles de la grammaire.
N. m. Langue indo-européenne parlée en Inde depuis le deuxième millénaire avant notre ère et progressivement réservée aux seuls lettrés. Le sanscrit était la langue sacrée des brahmanes. La grammaire du sanscrit se caractérise par une syntaxe simple et par une abondance de règles morphologiques et phonétiques. Le « Mahabharata » est un long poème épique en sanscrit.

Le Quiz

En 1858, Morphy rencontre Paulsen, bien connu pour être un joueur particulièrement lent à prendre ses décisions. Mais, au cours de ce match, cela dépasse les limites du tolérable ; il est assis depuis cinq heures à réfléchir à la position. Paul Morphy, habituellement le modèle de la courtoisie devant l’échiquier, explose :
Mais pourquoi donc ne jouez-vous pas ?
À quoi l’ineffable Paulsen répond paisiblement :
Ah, c’est à moi de jouer ?

À l’origine, les parties d’Échecs se déroulaient sans limites de temps. Des joueurs prenaient un temps de réflexion excessif, soit parce que cela était conforme à leur tempérament, soit parce que face à une situation compromise, ils ne se résignaient ni à jouer, ni à abandonner. On raconte que Paul Morphy fondit en larmes, exaspéré par le temps que prenait son adversaire.

De quand date l’utilisation de la première pendule : 1862, 1876 ou 1894 ?

Seulement deux bonnes réponses : 1862 !

Pendant des siècles, joueurs et spectateurs se sont plaints de la durée excessive des parties d’échecs. Lorsqu’une limite de temps fut établie, des pendules furent inventées. Les premiers signes de changement n’apparurent que vers le milieu du XIXe siècle. Jusqu’alors, les joueurs de tournois appréciaient le jeu illimité. En 1834, lors de plusieurs matchs célèbres entre Louis de La Bourdonnais et Alexander McDonnell, le temps n’était, semble-t-il, pas un problème. Les parties duraient de longues, longues heures, mais la durée exacte de chaque coup n’a pas été enregistrée. Walker chronométra La Bourdonnais, cinquante-cinq minutes pour un seul coup, mais a ensuite dit que « McDonnell a été incomparablement plus lent ». En 1843, plusieurs spectateurs impartiaux décrivent un match entre Howard Staunton et Pierre St-Amant comme un test d’endurance physique : la partie de 66 coups dura 14 heures et demie. Ces sortes de prolongements sans but et les tentatives délibérées d’user l’adversaire étaient monnaie courante à l’époque, et une partie moyenne pouvait durer neuf heures.

Après le tout premier tournoi mondial de Londres en 1851, un torrent de critiques fustigea la lenteur incroyable des parties. A. Cantab écrit en 1952 : « que chaque joueur ait un sablier de trois heures et qu’un ami le fasse basculer ». Proposition soutenue par Howard Staunton et d’autres joueurs de premier plan. Une autre proposition, du maître allemand, le Baron von der Lasa, était d’utiliser deux montres et noter le temps employé pour les coups de chaque adversaire. Ce calcul était populaire en Europe parce que le sablier s’était révélé problématique. Température et humidité avaient des effets sur le sable et sur la précision d’un endroit à autre ou d’un match à  l’autre. En outre, un joueur énervé pouvait se tromper de sablier et tout fausser. Un dispositif de chronométrage mécanique apparaît enfin et une autre étape est franchie en 1867, lorsque le Tournoi International de Paris inflige une amende de 5 francs pour un dépassement de quinze minutes au-delà de la limite du temps réglementaire de dix coups par heure. En 1883, un dispositif de chronométrage mécanique fut inventé, à la grande joie de la communauté échiquéenne. Cette horloge tumbling fait ses débuts à Londres la même année, invention de Thomas Bright Wilson de Manchester. Elle se composait de deux pendules identiques fixés sur les extrémités opposées d’une balance. Quand un joueur a terminé son coup, il bouge son horloge dans une position qui arrête sa pendule et déclenche celle de l’adversaire.

Le tumbling-clock fut fabriqué par Fattorini & Sons de Bradford, en Angleterre. L’avènement du temps limité transforma un jeu d’échecs en un sport et ajouta un élément de pression et fut également un facteur important pour rendre les matches plus spectaculaires. Les Échecs furent le premier jeu dans lequel le recours systématique à la pendule s’est imposé à tous les niveaux de la compétition. La pendule apparut lors du deuxième tournoi international de Londres en 1862, formule qui fut confirmée lors du match Adolf Anderssen contre Wilhelm Steinitz en 1866, puis lors du tournoi de Paris en 1876. C’est en 1894, au tournoi de Leipzig, que fut adoptée la double pendule avec couplage mécanique. Mais pendant longtemps, les joueurs hésitèrent à exiger une victoire en raison du temps seul.

La simultanée de JP

Merci à Jean-Pierre Sonnet d’avoir animé ce nouveau samedi de confinement. Score attendu : 9 sur 9. La technique toujours irréprochable du site lichess. Comme souvent, le problème, c’est l’humain ! Quatre tépégistes sont restés à la porte, s’inscrivant trop tard à la simultanée. Expérience à retenter…

Le Quiz

Le rukh persan en route vers l’occident, où après bien des aventures, il deviendra notre tour. Iran, Nishapur, IX – XII e siècle – Metropolitan Museum de New-York.

Depuis son origine indienne, notre tour a subit bien des tribulations, se métamorphosant au cours de son voyage vers l’Occident chrétien, gardant toujours une importante force symbolique, mais connaissant des fortunes diverses. En arrivant en Perse, elle devient le rukh, ce rapace fabuleux de la mythologie iranienne, capable de capturer un éléphant dans ses griffes. Il s’est d’abord maintenu tel quel, puis se transforme en différents animaux et d’autres avatars pour arriver à notre tour moderne.

Parmi toutes ses transformations, que n’a-t-elle jamais été :
un chariot, un messager ou une sentinelle  ?

Trois sentinelles (warders) des pièces de Lewis, XII e siècle – British Museum

Quatre mauvaises réponses sur sept. Trois pour le messager, la bonne réponse. Placé aux extrémités de l’échiquier, le charriot de guerre indien devient naturellement le guetteur de l’ost féodal dans les pays scandinaves. Trois des douze warders des pièces de l’Île de Lewis, dont l’un sous l’aspect d’un berserker¹, au regard fou et mordant son bouclier dans une rage de combat. Célèbre dans la mythologie nordique, ils étaient décrits comme des guerriers incontrôlables, combattant férocement, le plus souvent nus ou à peine vêtus, dans un état de transe, ne ressentant pas la douleur et inspirant la crainte à leurs adversaires. Ces caractéristiques ont donné au berserker une réputation surhumaine.

La tour moderne est arrivée que tardivement sur l’échiquier, s’y installant définitivement que vers le XVe. La char arabe rukh fut traduit en latin par rochus, puis roc en français, se calquant sur le mot italien rocca, désignant une forteresse. « Comment la tour s’est-elle imposée ? Sans doute grâce à l’esthétique stylisée des pièces arabes et persanes. Ainsi, les deux pointes profilées en arc de cercle du rukh arabo-persan ont-elles été considérées comme une tour crénelée. Enfin l’anglicisme rook signifiant château, elle prend rapidement la forme d’une tour outre-Manche. Les quatre tours d’angle sont adoptées au XIVe siècle, symboles à la fois du donjon féodal et du mur d’enceinte de la villeneuve  médiévale.² »

Le messager est une pièce d’une variante des échecs, apparut vers 1200, où chaque joueur dirigeait 24 pièces. Les messagers furent la réelle nouveauté de ce jeu et lui donnèrent d’ailleurs son nom, préfigurant les Fous modernes. Ils se déplaçaient sur toutes les cases vides de toutes les diagonales, l’un de cases blanches, l’autre de cases noires. Les joueurs de l’époque n’étaient point accoutumés à visualiser les diagonales dans toute leur longueur et croyaient que cette pièce surprenante dépassait en force la Tour et donnèrent ainsi le nom de ce messager à ce jeu.

¹ Le berserker (en vieux norrois berserkr, pluriel berserkir) désigne un guerrier fauve qui entre dans une fureur sacrée berserksgangr, « marche, allure du guerrier fauve », le rendant surpuissant et capable des plus invraisemblables exploits. « Berserk » pourrait signifier « peau d’ours » (du vieux norrois ber särk : « chemise [en peau] d’ours »).
² Le jeu d’échecs, Bnf.

Vous pourrez retrouver l’ensemble des questions dans la rubrique Le Quiz de l’onglet Apprendre du menu supérieur.

Simultanée samedi 18 avril à 14 H 30

Pour changer du blitz de confinement du samedi, je vous propose d’utiliser une autre possibilité de la plateforme lichess : la simultanée. Clôture des inscriptions à 14 h 15. Pour suivre la simultanée, un clic sur les échiquiers ou le logo lichess.

Attention ! Là encore des prérequis nécessaires (à ne pas lire en diagonale) : une inscription sur lichess.org et à la communauté Tour, Prends Garde ! sur lichess également. Le nombre de participants sera limité (15 ou 20 maximum).  Inscrivez-vous donc rapidement dans un premier temps pour rejoindre le groupe Tour, Prends Garde en cliquant sur Rejoindre l’équipe. Mais vous inscrire au groupe ne suffit pas, il faut aussi vous inscrire à la simultanée en cliquant sur le logo. La simultanée lancée, vous pourrez suivre les parties en cliquant sur les échiquiers  ou le logo ci-dessous.

L’empereur Keyser007 vous défie !

Le Quiz

La relation semble étroite entre le monde des Échecs et celui de la philatélie. La personnalité du philatéliste se rapproche de celle du joueur. Les ressorts psychologiques du collectionneur n’ont que rarement fait l’objet d’analyses, néanmoins, le psychologue Henri Codet leur a consacré une thèse. Il recense quatre caractéristiques psychologiques du collectionneur où le joueur d’Échecs peut se retrouver : le désir de possession, le besoin d’activité spontanée, l’entraînement à se surpasser et la tendance à classer. Ils partagent également le côté obsessif de leurs passions, la vigilance permanente (l’attention du collectionneur semble toujours en alerte pour découvrir de nouveaux objets), l’acquisition des connaissances (pour choisir le bon objet), une bonne mémoire (pour se souvenir des caractéristiques de chacun de ses objets). Autre point commun, le collectionneur se déprime souvent quand il achève sa collection, comme beaucoup de nos génies échiquéens entrent dans des troubles psychiques quand ils cessent de jouer. Et enfin, de nombreux joueurs sont de fervents collectionneurs.

Quel grand joueur est un fervent philatéliste : Mikhaïl Tal, Victor Korchnoï ou Anatoly Karpov ?

7 bonnes réponses

Karpov est un philatéliste renommé et détiendrait la collection complète  de timbres sur le thème des Échecs. Il commence par amasser plus de 30 000 pin’s avant de s’intéresser aux timbres et notamment aux timbres commémorant les 40 ans de l’Armée Rouge Soviétique. Spécialiste de la Belgique, il possédait la deuxième plus riche collection au monde. Elle fut vendue le 8 décembre 2011  et rapporta la coquette somme de 2 532 000 €.

Il apparaît sur plus de 200 de ces timbres. Certains, d’ailleurs, ne lui plaisent pas du tout. « En Corée du Nord, avoue-t-il, ils imprimèrent un timbre pour célébrer mon match contre Korchnoi. Viktor Lvovich et moi, nous y apparaissons comme des Coréens. Certains timbres africains sont également spéciaux : le grand maître brésilien Henrique Mecking apparaît… comme un noir et moi comme un mulâtre ! » Anatoly devrait savoir que les Échecs n’ont point de frontières.

Le championnat Geekounet par Équipe

Le confinement se prolongeant et la réouverture du club s’éloignant, nous vous proposons un Championnat TPG virtuel par équipe, 15 minutes + 15 secondes, via la plateforme lichess. Pas besoins d’y être inscrit. Les joueurs de chaque équipe seront tirés au sort, en panachant les elos afin que les chances soient égales. Chaque capitaine préparera la feuille de match avec ses joueurs qui me sera communiquée. Je retransmettrai la feuille de match complète aux capitaines qui la retransmettra à ses joueurs. À chaque joueur de s’organiser avec leurs adversaires pour jouer leurs parties dans les dates prévues. Pour créer une partie, suivez ces indications. La date et le lien de la partie seront postés sur le Forum (pas besoin d’être identifié) afin de permettre aux spectateurs d’y assister. Le match terminé, les capitaines envoient les résultats. Ce championnat démarre la semaine prochaine. Inscrivez-vous rapidement.

Un clic pour s’inscrire à cette compétition

Le Quiz

De quand date le premier timbre émis sur les échecs : 1924, 1947 ou 1952 ?

Ce timbre est le premier timbre d’échecs. Il s’agit de l’un des cinq timbres émis pour commémorer les Jeux des Balkans de 1947, organisés en Bulgarie. Les échecs étaient l’un des sports représentés sur les timbres commémoratifs. Les quatre autres timbres représentaient les courses de vélos, le basket-ball, le football et les drapeaux des nations participantes (Bulgarie, Hongrie, Roumanie et Yougoslavie). La Hongrie  remporta le concours d’échecs avec une équipe composée de Bakonyi, Benko, Barcza, Florian, Furster, Gereban, Szabo et Szny.

Vous pourrez retrouver l’ensemble des questions dans la rubrique Le Quiz de l’onglet Apprendre du menu supérieur.

Club d'Échecs de Besançon : initiation, cours jeunes et adultes, loisirs et compétions individuelles, par équipes, en ligne, etc.