Verte Irlande

Des nouvelles fraîches de notre envoyé spécial Poupinet en direct des tourbières de la verte Irlande.

ireland-limerick-bunratty
Le château de Bunratty, construit en 1425, se situe au centre du village

Notre webmaster bien-aimé m’avait fortement incité, avec l’insistance rasoire que vous lui connaissez, de profiter de mon séjour, pour vous écrire un petit quelque chose sur les Échecs de ce vert pays. Sacrément embêté, que je fus : je n’ai quasiment pas poussé du bois depuis six mois (ma future accession au titre de grand maître s’en voit repoussée d’autant). Heureusement, avec la venue de Stepan du Roi Blanc, pendant deux semaines en février, nous avons agi comme des touristes échiquéens normaux en pays étranger : nous nous sommes enfermés dans une salle pendant tout un week-end afin de rester immobile les yeux rivés sur l’échiquier. Me voilà donc en mesure de vous narrer le déroulement d’un tournoi sur l’île d’émeraude.

Le lieu du tournoi était impressionnant. Après un périple digne d’Indiana Jones allant chercher ses croissants du matin, nous sommes arrivés à [google-map-fb-popup id=”4″], petit village irlandais connu pour son château médiéval et son parc historique. Bref, c’est un attrape-touristes bien réalisé. Qui dit touristes dits hôtels de luxe. Et c’est dans l’un d’entre eux, le Bunratty Castle Hotel, que le tournoi se déroula. Effectivement, le cadre changeait des tournois franc-comtois : l’hôtel très XXe siècle, mais XXe siècle pour rupins : fauteuils en cuir douillet, moquette classe, stuc suivant la courbe du plafond… rien à redire sur le décor. Mais l’attraction principale, et ceci semble être partagé aussi bien par le joueur irlandais que français, restait… le bar, évidemment ! Pour le reste, les salles de jeu silencieuses à souhait, les sièges rembourrés, de l’eau fraîche apportée par des larbins aux joueurs assoiffés, et une salle d’analyse dans la bibliothèque qui arborait fièrement une collection de vieux bouquins jamais ouverts.

25431178
Bunratty Castle Hotel

L’organisation d’un tournoi est très différente de ses équivalents français. En premier lieu, il n’était pas homologué. La première partie commençait le vendredi à 20 h, la seconde le samedi à 9 h 30, suivis de deux autres parties et les deux dernières, le dimanche. La cadence, 1 h 30 + 15 secondes par coup, est typique en Irlande, les joueurs ne pouvant rarement trouver trois ou quatre jours de libres pour jouer selon les modalités internationales. Ce qui revient à dire que peu d’Irlandais possèdent un classement FIDE. Pour pallier à ce genre de problème, les organisateurs prennent en compte le élo irlandais pour répartir les joueurs dans les différents tournois, si bien qu’un joueur dans le moins 1500, peut avoir plus de 1800 à l’international. Le tournoi ne comptant pas pour la FIDE, les organisateurs n’ont aucun mal de faire venir des GMIs, par exemple Nigel Short. Ce système a toutefois un petit désavantage : le élo irlandais, tout comme le élo FIDE des Irlandais, est totalement sous-évalué. La prochaine fois que vous jouerez contre un Irlandais, ajoutez 200 ou 300 points à son classement.

Mais ces particularités n’ont pas empêché plusieurs joueurs du continent, dont deux Français, de faire le déplacement juste pour le week-end. Un joueur allemand m’a même affirmé qu’il s’agissait de ses vacances. Ah, les joueurs d’Échecs ! J’habite à 30 minutes de Bunratty, le déplacement fut déjà difficile, j’ai heureusement réussi à trouver un covoiturage 10 minutes avant le début de la première ronde, alors j’imagine mal pourquoi l’on vient exprès d’un autre pays juste pour jouer. La gestion des feuilles de parties est une autre différence amusante. Ici, les arbitres ne font pas du tout attention au devenir des feuilles et ne stockent pas les originaux et il n’y a pas de copie. La plupart des joueurs irlandais dédaignent la simple feuille pour consigner leurs parties dans un carnet dédié à cet usage, pratique lorsque l’on veut retrouver un match disputé il y a deux ans.

Ma mission de reporter étant terminée, je vous laisse à vos aventures échiquéennes et je relègue mon propre jeu au fond de mon placard pour au moins quatre mois.

Amicalement.

Clément Poupard
poupard

 

 

 

2 RÉFLEXIONS SUR “ VERTE IRLANDE ”

La version actuelle du reportage fut légèrement retouché par notre chère webmaster (et c’est lui qui, plein d’humilité, reconnait être rasoire).

Salut Clément,Bravo pour cette passionnante chronique.
Une petite remarque on dit  “pallier quelque chose” et non   “pallier à…”.  (du Latin pallium = manteau). Ce n’est pas grave : beaucoup de gens font la faute !
Bien amicalement à toi. Bernard.