par par Bobby Fischer

La qualité exceptionnelle des parties présentées ici sufirait, certes, à assurer l’intérêt de cet ouvrage. Mais il a beaucoup d’autres titres à notre attention.

La personnalité du nouveau Champion du Monde, d’abord, qui vient de défrayer longuement la chronique. Ses exigences, la désinvolture avec laquelle il traite ostensiblement ses adversaires ne l’ont pas rendu populaire.

Aussi c’est avec une grande surprise que l”on découvre, à travers ses commentaires, une image de Fischer bien différente de celle que ses excentricités et ses caprices avaient répandue. Ici, il ne cache aucunement son admiration pour quelques-uns de ses adversaires, leur passe souvent la parole, et, s’il lui arrive de juger sévèrement quelques-uns de leurs coups, il n’est pas plus tendre pour ses propres erreurs, qu’il analyse avec une surprenante lucidité.

Respect de l’adversaire, donc. Respect du lecteur, aussi, attesté par le soin mis par Fischer à expliquer ses motivations, qu’elles soient techniques ou psychologiques. Nous voilà bien loin du Fischer que nous avions imaginé. On devine déjà combien Fischer, écrivain, diffère de la plupart de ses prédécesseurs, dont les ouvrages avaient surtout pour but de faire ressortir – souvent à juste titre — leur talent. Fischer est bien au-dessus de tout cela, et bien trop passionné par son sujet pour le sacrifier à quelque considération personnelle que ce soit. Son sujet, c’est l’art des Échecs, auquel il a consacre — je ne dis pas sacrifié sa vie. Et, dès qu’il en parle, ce qui frappe le plus, avec la compétence, c’est la sincérité. Cela suffirait à rendre passionnantes ses notes personnelles, qui reflètent parfaitement les émotions qu’il éprouve au cours de ses parties. Pour être le sport de l’esprit, les Échecs n`en sont pas moins un sport de combat, et Fischer est un combattant acharné, capable de sacrifier tout — au propre comme au figuré — pour s’assurer la victoire. On conçoit l”intérêt que l’on peut éprouver à revivre, avec Fischer, les parties de Fischer. Mais c’est à Larry Evans — dont la contribution à cet ouvrage, sous forme d’introductions résumant le caractère particulier de chaque partie, est tout a fait remarquable que j’emprunterai les remarques les plus propres à souligner l’intéret exceptionnel des annotations du champion du monde.

Édition Stock 1972 / Ref : MAI-FIS1
Présentation : Broché – 22 x 14 cm – 216 pages
Mots-clés : maîtres