Échecs au parc – Samedi 27 août

Peu de monde à la Gare d’Eau, ce samedi, mais nos tables, comme à l’accoutumée, ne se sont pas désemplies ! Plaisir de la visite de notre ami Tuan et de la timide et mignonne Florine. Julien vient de Lons pour nous rencontrer et découvrir le club, très tenté de faire ce long déplacement la saison prochaine au vu de toutes les activités que nous proposons. Samedi prochain sera le dernier Échecs au Parc de la saison.

Un petit grand homme

Maxcellend Coulon nous conte quelques souvenirs de ce petit bonhomme plein de dynamisme qu’était Robert Picard, notre Président fondateur en 1929.

Le 29 septembre 1963 se déroulait, à Chalon, la coupe Brailly. Cette compétition annuelle opposait de nombreuses équipes de 4 joueurs, qui disputaient deux parties. Aux clubs de la ligue (TPG, Dijon, Chalon, Lons, Beaulieu…) s’adjoignaient des clubs venus de l’extérieur : Saint-Etienne, Solingen (ville allemande jumelée avec Chalon), etc. La ronde de l’après-midi vient de démarrer. Quelques instants plus tard, le silence est rompu par un grand cri. Aussitôt, toutes les têtes se tournent en direction du fautif. Picard, le visage écarlate, est debout devant son échiquier, la mine déconfite. Il vient de donner sa dame. Est-ce un effet du gros cigare qu’il fumait après le repas ?

Championnats de Franche-Comté, salle Proudhon. Maxcellend affronte Skorup – Crédit photo Bernard Faille, L’Est Républicain 1973

Malgré son âge avancé, Picard continuait à jouer ; il participait régulièrement aux différentes compétitions organisées par le club et la ligue. Il avait un niveau de jeu respectable, qu’il ne fallait pas sous-estimer ; il commettait parfois des gaffes provoquées par la fatigue. J’ai joué victorieusement à deux reprises contre lui : au championnat de Besançon en décembre 1962, puis en coupe de Besançon, le 28 avril 1967. Son plaisir était d’analyser et de commenter des parties sélectionnées pour son bulletin « La Tour Prends Garde » Il l’avait fait pour ma victoire contre Peroz (11/11/1962). Ce bulletin, auquel j’étais abonné, était intéressant ; il constituait un trait d’union entre les clubs de la ligue, et était lu avec plaisir par les joueurs, mêmes étrangers à la ligue. Il le réalisait dans l’arrière-salle de son magasin de la rue Morand, pendant que Madame Picard recevait les clients.

Picard souffrait de surdité ; il était équipé d’un appareil qui fonctionnait plus ou moins bien. Parfois, au cours d’une partie, un sifflement intempestif troublait la concentration des deux joueurs. Il rectifiait rapidement ce dysfonctionnement. Quand on parlait avec lui, il mettait la main en cornet vers son oreille proche de l’interlocuteur pour mieux entendre. Son audition défectueuse pouvait être source de quiproquo. Entendant mal son partenaire, il pouvait se méprendre sur le sens de son propos ; alors, il haussait le ton comme s’il était contrarié. Picard discutant avec Alber (joueur jovial et éminemment sympathique), cela constituait une scène cocasse, car tous deux avaient des problèmes de surdité.

Picard n’avait pas peur de la polémique : il n’hésitait pas à croiser le fer avec ses contradicteurs, et à échanger quelques amabilités avec ses adversaires. Ancien vice-président de la FFE, il avait soutenu le Dr Roux président de la ligue de Bourgogne Franche-Comté dans son conflit avec le Dr Augeix, président de la FFE. L’origine de cette querelle était le Roi-Blanc-Peugeot qui, s’étant exilé dans la ligue d’Alsace, prétendait organiser un championnat du Doubs. De plus, selon les mots du Dr Roux, celui-ci « avait installé à Besançon même, une sorte de satellite dénommé Roi Blanc Bisontin qui fit tout ce qu’il pût pour nous nuire, sous la haute direction de ses maîtres sochaliens qui, depuis les coulisses, tiraient les ficelles. » Augeix menaçait de créer une nouvelle ligue en remplacement de celle existante.

Cliché de Man Ray, ami du peintre Marcel Duchamp pour qui
« si tous les artistes ne sont pas des joueurs d’échecs, tous les joueurs d’échecs sont des artistes »

Picard possédait une importante bibliothèque d’échecs. J’avais pu m’en rendre compte lorsqu’il m’avait invité chez lui, un soir. Il m’avait montré divers documents échiquéens, notamment des affiches du championnat de France organisé à Besançon en 1949. Au cours de la soirée, parmi différents souvenirs, il avait évoqué incidemment une blessure récoltée lors de la manifestation des Croix-de-Feu, à Paris, le 6 février 1934. Sa bibliothèque lui permettait de doter les jeux échiquéens de son bulletin. J’en avais bénéficié, puisqu’il m’avait offert, comme prix, un livre rare, celui de Duchamp et Halberstadt : « Opposition et cases conjuguées réconciliées ». N’étant pas, à l’époque, collectionneur de livres d’échecs, je n’avais pas perçu la valeur de l’ouvrage, et l’avais échangé contre un quelconque livre en allemand. Ce joueur, par ailleurs sympathique, qui me harcelait pour faire cet échange, savait ce qu’il faisait. Bien plus tard, j’ai réalisé le marché de dupes dont j’avais été victime en voyant le prix de cet ouvrage dans des catalogues spécialisés. Rétrospectivement, j’ai trouvé l’attitude de ce joueur pour le moins inélégante¹. Picard avait formé le projet de léguer sa bibliothèque échiquéenne à la ville de Besançon. J’ignore pourquoi ce projet n’a pu aboutir. Cela aurait été un formidable atout pour les chercheurs en histoire des échecs.

Picard était un fervent amoureux du jeu d’échecs, qu’il a servi sa vie durant. J’ai apprécié de le connaître.

Maxcellend Coulon, le 15/08/2022.

¹ Le titre exact est « L’opposition et les cases conjuguées sont reconciliées ». Je comprends l’amertume de Maxcellend, le bouquin vaut actuellement 3 400 € ! 🙂

Musique d’ambiance !

Ambiance rock au Centre Pierre de Coubertin – Crédit photo : Mdq Montrapon

Étaient prévu 4 animations dans le cadre des Quartiers d’Été, mais la Maison de Quartier de Montrapon nous sollicita de nouveau cette semaine. Accompagnement musical des « musicos » qui réglaient leur sono pour leur concert de la soirée. Ambiance sympathique, la tête dans les baffles, sympa, mais… peu propice à la concentration échiquéenne.

En tout cas, un partenariat qui s’annonce dynamique et original, entre autre, un Café Échecs certains samedis matin !

Samedi 20 août – Échecs…

… au parc de la Gare d’Eau

Le soleil, semble-t-il, sera au rendez-vous !

Depuis 2012, notre club organise, de juillet à août, les Échecs au Parc, prenant ses quartiers d’été dans le cadre agréable de la Gare d’Eau. Parking gratuit. Vous y trouverez tables, jeux et pendules pour des initiations, des blitz ou de plus calmes parties, tous les samedis d’été ensoleillés de 14 h 30 à 19 h. L’après-midi est ouvert à tous, adhérents et non-adhérents.

Notre activité est tributaire de la météo. Vérifiez  à 13 h si elle est maintenue. Pour nous localiser.

La tête d’un Président !

Notre ami Maxcellend Coulon, en réaction à l’article Mort d’un président, nous précise : « les deux personnages désignés ne sont pas notre président-fondateur, Robert Picard et son successeur, Maurice Thuriet ». Maxcellend partagera bientôt d’autres photos et souvenirs.

Brasserie Granvelle, 1er juin 1963, avant le début du championnat individuel de Bourgogne – Franche-Comté, remporté par GIMENEZ.
Au 1er rang, de gauche à droite : TOLILA (Chalon, champion de BFC en 1958), COULON, ETIENNE (Vesoul), Robert
PICARD, GIMENEZ (Beaulieu, champion de BFC en 1963), 2 lycéens de l’École militaire d’Autun.
En arrière-plan : COLLIN (Dijon), BERTOLO (TPG), PIERRAT (Beaulieu) ; CARRIOT (Dijon) ; PEROZ (Dijon, champion de BFC en 1957 et 1962) ; CHIZELLE (Dijon) ; WAGSCHAL (TPG, champion de BFC en 1948, 1949, 1952, 1953, 1954, 1955) ; NAEGELY (TPG).

« Robert Picard est au 1er rang. C’était un personnage sympathique. Je lui rendais visite dans son imprimerie située Rue Morand pour renouveler mon adhésion à son bulletin La Tour Prend Garde et il m’invitait à déjeuner. Voici une photo prise le 1er juin 1963, devant la brasserie Granvelle, avant le début du championnat individuel de Bourgogne – Franche-Comté, qui sera gagné par Gimenez. Dans ce lot relevé, j’ai terminé 6e sur 12, avec 2 ½ points sur 5. »

À bientôt pour d’autres documents, Maxcellend

Le Tpgiste Raoul Bertolo (2e en arrière-plan), décédé en 1991, fut un personnage d’importance du monde des échecs de cette époque. Peu de temps auparavant, en 1959, il venait de fonder avec quelques amis la revue Europe Échecs, qui a largement contribué au développement de notre jeu dans notre pays. En collaboration avec Louis Risacher, il est l’auteur de Les échecs c’est facile : Objectif Mat.
Président de notre club dans les années 70, il fut également Président de la Fédération de 1970 à 76. Il organise les Olympiades de Nice de 1974, superbe réussite sur le plan technique, mais très lourd déficit financier. Le bureau fédéral en sort laminé et Raoul Bertolo démissionne peu après. Il reprendra la présidence de la FFE de 87 à 89.

Ce même Raoul Bertolo évoquait à demi-mot dans le bulletin Allez la Tour ! de juin 1971, la disparition tragique de Julien Naegely (en arrière-plan à droite). « Julien Naegeli est mort tragiquement dans un incendie. Il habitait rue des Granges, je crois, au-dessus d’un magasin, où le feu se serait déclaré et communiqué à son appartement », nous précise Maxcellend Coulon. Une bien triste finale pour un joueur d’échecs…

Les tournois de l’été – Albi

Albi au coucher du soleil – Crédit photo Wikipédia

Pour la première fois, la belle ville d’Albi accueille les Championnats de France et notre ami Benoît Vermot-Desroches a fait le déplacement pour participer à l’Open D. Arthur Despierres et Benjamin Spangoli sont dans l’Open B. Et enfin, Ilies Ouchichi dans l’Open A.

« À la première ronde, nous écrit Benoît, j’étais à la table voisine d’un franc-comtois, Maxim Goncalves du Cavalier Bayard de Saint-Claude ! La salle est immense. 40° dehors, hier, et à peu près pareil dedans ! Bacrot, Bauer, Dorfman et compagnie sont climatisés, eux ! 🙂

Deuxième ronde, l’anecdote du jour : mon adversaire joue 2 coups illégaux dans la partie. La première fois, je mets la pendule sur pause et l’avertis, la deuxième fois, j’appelle l’arbitre. Mon adversaire nie le premier coup illégal, sous prétexte que j’aurais dû appeler l’arbitre pour chacune des deux occurrences. Il obtient gain de cause ! Un sursis seulement, puisque je finis tant bien que mal par l’emporter. »

Nos adversaires ne sont pas toujours honnêtes, mais la règle, c’est la règle ! « Les cordonniers sont les plus mal chaussés » dit-on, et notre ami Benoît, qui vient de passer brillamment son examen d’arbitrage, aurait dû l’appliquer. Un petit coup d’œil de temps en temps au Livre de l’Arbitre peut s’avérer utile. Vous le trouverez dans le menu Apprendre.

Quartiers d’Été

Quartiers d’été aux pieds des immeubles de la Cité des Montboucons

Pour les citadins qui ne peuvent partir en vacances, la ville de Besançon veut donner à tous la possibilité d’accéder à de nouvelles activités. Quartiers d’Été offrent matins et après-midis journaliers gratuits, ouverts à tous, dans et hors les murs des quatre Maisons de quartiers municipales. Nous participâmes à ces animations familiales organisées à la MDQ de la Grette et, à Montrapon, au pied des immeubles. Au-delà de faire découvrir notre jeu parfois trop confidentiel à de nouveaux publics, ces animations sont souvent le point de départ de partenariats et attestent de notre implication dans la vie des quartiers. Les retombées ne se sont pas fait attendre : rendez-vous à Montrapon, à la rentrée, pour un projet d’animation dans le cadre des Contrats de Ville et prêt gracieux du Kursaal pour le Championnat de Franche-Comté Jeunes que nous organiserons sans aucun doute en février prochain.

Club d'Échecs de Besançon : initiation, cours jeunes et adultes, loisirs et compétions individuelles, par équipes, en ligne, etc.