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Les Cartoon Chess

Pour occuper les heures creuses du confinement, j’ai créé ces personnages, mais mon imagination s’arrête là. Devenez le scénariste de ces petits personnages cartoonesques et envoyez-moi vos blagues. Les plus drôles seront récompensées. Toutes les expressions sont possibles.

Éric coule une bielle… Oh ruse !

Mikalai pouvait profiter du mauvais placement des pièces blanches. Comment ?

Un Goosens et un mat là !

UNE RÉFLEXION SUR « UN GOOSENS ET UN MAT LÀ ! »

Le Quiz

Quel grand champion était si pauvre dans sa jeunesse qu’il devait partager sa culotte avec son frère et ne sortait dans la rue qu’à tour de rôle : Wilhelm Steinitz, Emanuel Lasker ou Bobby Fischer ?

Une seule bonne réponse sur cinq. Quatre ont choisi Steinitz qui, il est vrai, toute sa vie a tiré le diable par la queue.  Emanuel Lasker est né dans la province prussienne de Brandebourg dans une famille juive. Son père, Adolf Lasker, chantre à la synagogue, dirigeait les prières liturgiques et les chants. Emanuel et son frère aîné Berthold sont envoyés à l’école à Berlin alors qu’il n’a que onze ans. C’est Berthold, étudiant à la faculté de médecine, qui lui apprend à jouer. Lasker, se faisait un peu d’argent en jouant aux Échecs dans les cafés locaux. Les parents d’Emanuel, inquiets de le voir consacrer tant de temps au jeu et pas assez à son travail scolaire, demandent à Berthold de lui trouver une école. Ironie, le directeur de cette nouvelle école n’était autre que le président du club d’Échecs de la ville et le professeur de mathématiques était le champion d’Échecs local, dire que le jeune Lasker se trouva dans son élément. Emanuel continua de montrer des talents remarquables à la fois pour les mathématiques et les Échecs.

La Peste Noire

Vous connaissez bien sûr le sens d’adouber : toucher une pièce pour la remettre en place et non pour la jouer en prononçant les mots : « J’adoube ». Ce terme échiquéen, de même qu’« en passant », est utilisé en français par tous les joueurs du monde.

À ce sujet, connaissez-vous ce personnage, un des plus curieux de l’histoire de notre jeu, Joseph Henry Blackburne (1841-1924). Homme de caractère fort et changeant, passant de l’irritation à la dépression très facilement, acteur d’une série d’anecdotes qui lui valut le surnom de La Peste Noire ! Pour en avoir une idée, il suffit de dire que, après avoir perdu un match contre Steinitz, il se jeta par la fenêtre par désespoir d’avoir perdu. La bonne nouvelle était que l’on était au rez-de-chaussée, l’événement n’eut donc pas de conséquences funestes. Une autre anecdote afin d’évaluer l’autre extrémité de sa personnalité fantasque : au cours d’une simultanée donnée à l’Université de Cambridge, les étudiants pensèrent qu’il serait plus facile à battre en laissant une bouteille de whisky et un verre à chaque extrémité de la table. À la fin de la session, Blackburne avait bu les deux bouteilles et remporté tous les matchs en un temps record. Une autre anecdote, probablement apocryphe, raconte que dans une simultanée, concentré et nerveux, il boit le verre de whisky de l’un des participants. Après le match, il déclare que son adversaire lui ayant mangé un pion « en passant » et que, incidemment, il avait, lui, bu son whisky « en passant ». Toujours, il a soutenu la théorie selon laquelle boire du whisky améliorait la qualité de jeu parce que « l’alcool éclaircit l’esprit. » Fidèle à ses idées, toute sa vie, il a tenté de prouver cette théorie toutes les fois qu’il le pouvait par des cuites sévères, qui furent nombreuses durant ses 83 années de vie.

Voici la partie Zukertort – Blackburne « L’immortelle » Londres, 1883 où Blackburne ne s’était sans doute point assez éclairci l’esprit :

Après ce long détour par la Peste Noire, je reviens à ma question :

Quelle est l’origine du terme « J’adoube » : 1. de l’adoubement du chevalier, 2. du verbe « dauber» dénigrer, 3. du vieux français « adubler » signifiant  «  voir double » ?

De l’ancien français adouber lui-même venant de douber et probablement de l’ancien bas francique dubban, « frapper ». Le futur chevalier recevait lors de l’adoubement la « paumée » ou « collée », fort coup du plat de la main administré par le parrain sur la nuque.

Six bonnes réponses sur neuf. Trois tpgistes se sont fait avoir par  les origines farfelues, particulièrement pas adubler qui, si le verbe dauber existe, est une pure invention.

Le club est fermé, mais…

… pas nos activités !

Nous le savons, un joueur d’échecs est quelque peu monomaniaque (dixit Stefan Zweig) et rien ne pourra jamais s’interposer entre lui et sa passion. Je ne sais plus quel prélat italien de l’histoire, alors que sa ville était en proie aux flammes et que ses serviteurs l’exhortaient à la fuite, poursuivit sereinement sa partie et mata bellement son adversaire. Virus, morosité, confinement. Que diable ! Rappelez-vous la jolie phrase de Pierre Mac Orlan : « Il y a plus d’aventures sur un échiquier que sur toutes les mers du monde. » Nous vous invitons donc à poursuivre nos aventures de mille et une façons que vous découvrirez ci-dessous :

Le Quiz

D’où vient l’expression échec et mat :

1. du sanskrit संस्कृतम् : le roi est décapité ?
2. du persan شاه مات  : le roi est étonné ?
3. de l’arabe الشاه مات  : le roi est mort ?

Bravo à celui qui a trouvé la réponse précise : «le roi est étonné » ! Un point tout de même, car la réponse majoritaire n’est pas fausse.

L’expression n’a pas toujours été employée. Elle apparut au cours de l’évolution des règles. Dans les versions originales du jeu pratiquées en Inde, le Roi pouvait être capturé comme toute autre pièce. Les Perses, trouvant cette manière de terminer le jeu peu élégante, développèrent la notion de mise en échec. Le Roi devenant intouchable, il fallait le menacer sans jamais pouvoir le prendre.

Étymologiquement, échec et mat vient vraisemblablement de l’arabe الشاه مات (aš-šāh māta), « le roi est mort », traduction erronée du persan شاه مات (šâh mât), « le roi est étonné » ou « surpris », avec le sens militaire d’être pris en embuscade ou d’« être confondu » ou de شاه ماند (šâh mând), « le roi resta », avec le sens d’« être abandonné ». Mat est le terme persan pour dire vaincu, impuissant ou paralysé. Des millions de joueurs pensent que « échec et mat » vient de l’expression arabe  al cheikh mat, le roi est mort. Mais le roi, la seule pièce à ne pas être trucidé sur l’échiquier, doit abdiquer, la partie perdue, vaincu semble donc avoir beaucoup plus de sens à ce sujet.


Notre ami Ali, à l’œil persan, précise : « Le sanskrit n’est pas une langue, mais une catégorie de langues, comme par exemple le Français, l’Allemand ou le Perse qui ont pour origine une catégorie qui est indo-européenne. L’arabe est d’origine sanskrit qui est effectivement une catégorie de langues et non pas une langue. »

Cependant, vérification faite dans le Dictionnaire de l’Académie française :

SANSCRIT, SANSCRITE (le deuxième s se fait entendre) nom et adjectif
XVIIe siècle. Emprunté du sanscrit samskr(i)ta, « parfait », c’est-à-dire respectant toutes les règles de la grammaire.
N. m. Langue indo-européenne parlée en Inde depuis le deuxième millénaire avant notre ère et progressivement réservée aux seuls lettrés. Le sanscrit était la langue sacrée des brahmanes. La grammaire du sanscrit se caractérise par une syntaxe simple et par une abondance de règles morphologiques et phonétiques. Le « Mahabharata » est un long poème épique en sanscrit.

Le Quiz

En 1858, Morphy rencontre Paulsen, bien connu pour être un joueur particulièrement lent à prendre ses décisions. Mais, au cours de ce match, cela dépasse les limites du tolérable ; il est assis depuis cinq heures à réfléchir à la position. Paul Morphy, habituellement le modèle de la courtoisie devant l’échiquier, explose :
Mais pourquoi donc ne jouez-vous pas ?
À quoi l’ineffable Paulsen répond paisiblement :
Ah, c’est à moi de jouer ?

À l’origine, les parties d’Échecs se déroulaient sans limites de temps. Des joueurs prenaient un temps de réflexion excessif, soit parce que cela était conforme à leur tempérament, soit parce que face à une situation compromise, ils ne se résignaient ni à jouer, ni à abandonner. On raconte que Paul Morphy fondit en larmes, exaspéré par le temps que prenait son adversaire.

De quand date l’utilisation de la première pendule : 1862, 1876 ou 1894 ?

Seulement deux bonnes réponses : 1862 !

Pendant des siècles, joueurs et spectateurs se sont plaints de la durée excessive des parties d’échecs. Lorsqu’une limite de temps fut établie, des pendules furent inventées. Les premiers signes de changement n’apparurent que vers le milieu du XIXe siècle. Jusqu’alors, les joueurs de tournois appréciaient le jeu illimité. En 1834, lors de plusieurs matchs célèbres entre Louis de La Bourdonnais et Alexander McDonnell, le temps n’était, semble-t-il, pas un problème. Les parties duraient de longues, longues heures, mais la durée exacte de chaque coup n’a pas été enregistrée. Walker chronométra La Bourdonnais, cinquante-cinq minutes pour un seul coup, mais a ensuite dit que « McDonnell a été incomparablement plus lent ». En 1843, plusieurs spectateurs impartiaux décrivent un match entre Howard Staunton et Pierre St-Amant comme un test d’endurance physique : la partie de 66 coups dura 14 heures et demie. Ces sortes de prolongements sans but et les tentatives délibérées d’user l’adversaire étaient monnaie courante à l’époque, et une partie moyenne pouvait durer neuf heures.

Après le tout premier tournoi mondial de Londres en 1851, un torrent de critiques fustigea la lenteur incroyable des parties. A. Cantab écrit en 1952 : « que chaque joueur ait un sablier de trois heures et qu’un ami le fasse basculer ». Proposition soutenue par Howard Staunton et d’autres joueurs de premier plan. Une autre proposition, du maître allemand, le Baron von der Lasa, était d’utiliser deux montres et noter le temps employé pour les coups de chaque adversaire. Ce calcul était populaire en Europe parce que le sablier s’était révélé problématique. Température et humidité avaient des effets sur le sable et sur la précision d’un endroit à autre ou d’un match à  l’autre. En outre, un joueur énervé pouvait se tromper de sablier et tout fausser. Un dispositif de chronométrage mécanique apparaît enfin et une autre étape est franchie en 1867, lorsque le Tournoi International de Paris inflige une amende de 5 francs pour un dépassement de quinze minutes au-delà de la limite du temps réglementaire de dix coups par heure. En 1883, un dispositif de chronométrage mécanique fut inventé, à la grande joie de la communauté échiquéenne. Cette horloge tumbling fait ses débuts à Londres la même année, invention de Thomas Bright Wilson de Manchester. Elle se composait de deux pendules identiques fixés sur les extrémités opposées d’une balance. Quand un joueur a terminé son coup, il bouge son horloge dans une position qui arrête sa pendule et déclenche celle de l’adversaire.

Le tumbling-clock fut fabriqué par Fattorini & Sons de Bradford, en Angleterre. L’avènement du temps limité transforma un jeu d’échecs en un sport et ajouta un élément de pression et fut également un facteur important pour rendre les matches plus spectaculaires. Les Échecs furent le premier jeu dans lequel le recours systématique à la pendule s’est imposé à tous les niveaux de la compétition. La pendule apparut lors du deuxième tournoi international de Londres en 1862, formule qui fut confirmée lors du match Adolf Anderssen contre Wilhelm Steinitz en 1866, puis lors du tournoi de Paris en 1876. C’est en 1894, au tournoi de Leipzig, que fut adoptée la double pendule avec couplage mécanique. Mais pendant longtemps, les joueurs hésitèrent à exiger une victoire en raison du temps seul.

La simultanée de JP

Merci à Jean-Pierre Sonnet d’avoir animé ce nouveau samedi de confinement. Score attendu : 9 sur 9. La technique toujours irréprochable du site lichess. Comme souvent, le problème, c’est l’humain ! Quatre tépégistes sont restés à la porte, s’inscrivant trop tard à la simultanée. Expérience à retenter…